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POÈTES ET MUSICIENS ALLEMANDS.

traduis ici quelques pièces empreintes de ce caractère allemand. Le lecteur en jugera.

LE VIEUX BON DROIT.

Partout où, près d’un bon vin vieux, trinque le Wurtemburgeois, le premier refrain doit être l’antique et le bon droit ;

Le droit qui soutient comme un pilier robuste la maison de notre prince, et qui partout dans le pays protége la cabane du pauvre ;

Le droit qui nous donne des lois que nulle volonté ne brise, qui aime la justice ouverte et prononce un arrêt qui a cours ;

Le droit économe d’impôts ; le droit qui sait compter, qui demeure assis près de la caisse et ménage notre sueur, qui garde comme un patron le bien sacré de notre église, qui nourrit et enflamme fidèlement la science et le foyer de l’esprit ;

Le droit qui met les armes dans la main de tout homme libre, afin qu’il s’en serve pour défendre son prince et son pays ;

Le droit qui laisse à chacun les sentiers ouverts dans le monde et nous retient au sol de la patrie par les seuls liens de l’amour ;

Le droit dont les siècles conservent la gloire bien acquise, que chacun dans son cœur aime et cultive comme sa religion ;

Le droit que des jours mauvais nous ont enfoui tout vivant, et qui, désormais régénéré, lève la tête hors du tombeau ;

Ah ! lorsque nous ne serons plus, qu’il soit encore debout et reste pour les enfans de nos enfans l’arche de salut et de bonheur.

Partout où, près d’un bon vin vieux, trinque le Wurtemburgeois, le premier refrain doit être l’antique et le bon droit.

WURTEMBERG.

Que peut-il te manquer, ô ma belle patrie ? On raconte au loin mille choses de ton état heureux. On dit que tu es un jardin, que tu es un paradis ; que peux-tu donc attendre, toi qu’on appelle bienheureuse ?

Un homme digne d’être honoré a dit cette parole transmise, que lorsqu’on voudrait ta ruine, on ne pourrait la consommer.

Tes champs de blé ne débordent-ils pas comme un océan ? le vin nouveau ne coule-t-il pas de cent collines dans tes plaines ?