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LE CHANDELIER.

FORTUNIO chante.


Si vous croyez que je vais dire
Qui j’ose aimer
Je ne saurais pour un empire
Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,
Si vous voulez,
Que je l’adore, et qu’elle est blonde
Comme les blés.

Je fais ce que sa fantaisie
Veut m’ordonner,
Et je puis, s’il lui faut ma vie,
La lui donner.

Du mal qu’une amour ignorée
Nous fait souffrir,
J’en porte l’ame déchirée
Jusqu’à mourir.

Mais j’aime trop pour que je die
Qui j’ose aimer.
Et je veux mourir pour ma mie,
Sans la nommer.


MAÎTRE ANDRÉ.

En vérité, le petit gaillard est amoureux comme il le dit ; il en a les larmes aux yeux. Allons ! garçon, bois pour te remettre. C’est quelque grisette de la ville qui t’aura fait ce méchant cadeau-là ?

CLAVAROCHE.

Je ne crois pas à monsieur Fortunio l’ambition si roturière ; sa chanson vaut mieux qu’une grisette. Qu’en dit madame, et quel est son avis ?

JACQUELINE.

Très bien. Donnez-moi le bras, et allons prendre le café.

CLAVAROCHE.

Vite ! monsieur Fortunio, offrez votre bras à madame.

JACQUELINE prend le bras de Fortunio ; bas, en sortant.

Avez-vous fait ma commission ?