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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/331

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DES PARTIS ET DES ÉCOLES POLITIQUES.

Aucun parti dans la chambre (on n’a pas à parler du parti vaincu) n’hésitait à saluer du nom de glorieuse la révolution consommée ; l’on prodiguait à l’envi à ses auteurs les récompenses nationales, relevant même de l’oubli les vainqueurs de la Bastille pour les associer à ceux du Louvre. Toutes les mesures réclamées par le pouvoir, à raison des circonstances, furent votées avec unanimité, depuis les secours au commerce jusqu’aux levées d’argent et d’hommes ; le grand procès de décembre ne troubla pas cet accord, et l’on reconnut la nécessité de donner satisfaction au sentiment du pays, en même temps que de la restreindre dans les bornes de la modération et de l’équité, et les vœux de mort se cachèrent au moins comme de mauvaises et honteuses pensées. L’hérédité de la pairie eût seule présenté ce champ de bataille constitutionnel, qui manqua véritablement aux débats de la session de 1830 ; mais cette question avait été ajournée, avec l’assentiment de tous, par cet esprit de conciliation qui retarde les difficultés sans les résoudre. Restait donc, comme thèse principale, on peut dire unique, des débats parlementaires, la dissolution de la chambre des 221 et la nécessité d’en appeler à la France.

Mais pourquoi l’instinct des partis, ce guide toujours infaillible, faisait-il de cette dissolution immédiate une question fondamentale ? pourquoi concentrait-il ainsi sur elle tout ce qui restait encore de l’effervescence des trois journées ? Cette chambre ne s’était-elle pas inclinée devant la victoire, et l’ancienne monarchie n’aurait-elle pas pu lui adresser des reproches plus fondés que la monarchie nouvelle ? N’était-ce pas qu’en se développant chaque jour au dehors, les évènemens faisaient prévoir une autre question, où cette assemblée débonnaire essaierait une résistance opiniâtre ; question de vie ou de mort pour les intérêts du sein desquels elle tirait sa force, alternative plus grave encore que celle du 25 juillet et du 9 août ?

Le drapeau tricolore flottait à peine aux tours de Notre-Dame, que du nord au midi de l’Europe l’horizon se chargea de vapeurs. Les émeutes éclataient comme des coups de tonnerre : Bruxelles avait répondu par son cri de septembre au cri de juillet ; Varsovie méditait ses vêpres polonaises ; l’Allemagne entière, impatiente de secouer sa vie contemplative et pacifique, appelait les hasards des révolutions, comme une jeunesse échappée du collége invoque avec amour les premiers dangers des combats.

Le pouvoir, par cet instinct de conservation qu’il possède aussi comme les partis, comprit d’une manière lumineuse et rapide que, dans l’orageuse carrière où il allait entrer, les dangers souffleraient beaucoup