depuis deux années, et dans des circonstances moins compliquées, il eût sans doute créé plus de difficultés qu’il n’était de nature à en résoudre. Mais s’il est des temps où les pouvoirs ne peuvent rien que périr, il en est d’autres où tout les sert, même leurs fautes.
Les affaires de l’autre péninsule exigeaient de la France une attention plus soutenue ; son gouvernement devait y prendre une part plus active.
Il n’avait pas à s’enquérir du prince qui régnerait à Lisbonne, de ses penchans et de ses vues politiques ; car le Portugal dépend plus étroitement de l’Angleterre que l’Irlande, et nous n’aurons pas de long-temps intérêt majeur à ce qu’il en soit autrement. Ce pays, d’ailleurs, semblait assister avec apathie aux phases d’une longue lutte plus immorale que sanglante. Le peuple portugais, frappé d’une sorte de déchéance, comme l’Ottoman, semble aussi survivre à la gloire de son empire, et ne pas croire à la possibilité de se relever entre les nations. S’il a gardé toute la fierté du passé, il n’a pas cette foi vivante en l’avenir qui rend les révolutions fécondes.
Quant à la question de droit dynastique, fort douteuse en principe, les cabinets l’avaient tranchée à la mort de Jean vi en faveur de dona Maria. Aussi fallut-il, pour faire changer l’aspect de cette question, que ne recommandait, d’ailleurs, ni l’importance des intérêts, ni l’étendue du théâtre où elle se développait, qu’elle s’effaçât devant la lutte du principe constitutionnel contre la royauté absolue. Les secours clandestins de l’Europe alimentèrent alors une guerre qui se mourait d’impuissance réciproque. Réduits par la force des circonstances à n’oser se combattre en face, les gouvernemens, réunis en conférence pacifique, se donnaient le dédommagement d’une petite guerre à l’extrémité de l’Europe, comme pour n’en pas perdre l’habitude. Le cabinet français conçut que ce n’était pas là une de ces affaires capitales dans lesquelles on s’aventure, mais seulement une partie dont l’issue vous passionne, que l’on soutient de ses paris et de son argent, debout et sans prendre place au tapis vert.
Mais peut-être regrettera-t-il un jour amèrement de n’avoir pas tranché en temps utile la différence entre l’insignifiante question portugaise et cette question espagnole, toute palpitante pour nous d’un intérêt immédiat, et dont la conclusion définitive n’importe pas moins à notre avenir que la solution des affaires belges.
Un ministre français de quelque prévoyance ne peut dormir en paix, s’il n’est assuré de trouver concours et appui dans les conseils de l’Espagne. Paris et Madrid doivent marcher du même pied, et dans l’intérêt des deux peuples, le gouvernement doit s’y exercer selon la même in-