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LA TRAGÉDIE AVANT SHAKSPEARE.

La scène suivante s’ouvre par l’arrivée de don Hieronimo, que ses fonctions appellent à juger Pedringano, et qui se plaint avec amertume d’être obligé de rendre la justice aux hommes, lorsque ni les dieux ni les hommes ne sont justes envers lui.


This toils my body, this consumeth age,
That only I, to all men just must be
And neither gods nor men be just to me.


Le coupable est introduit. Rassuré par la vue et les signes du page, il s’avoue effrontément l’auteur de l’assassinat de Serberine. On le condamne à mort. Entre le bourreau. Il raille le bourreau, qui finit par le pendre, malgré ses protestations et les assurances qu’il lui donne que sa grace est dans la boîte que le page tient dans ses mains.

Don Hieronimo, après avoir rempli le devoir de sa charge, est rentré dans sa maison ; la douleur le poursuit sans relâche ; ses soupirs s’envolent dans les airs et vont frapper à la voûte étincelante des cieux, réclamant justice et vengeance.


Yet still tourmented is my tortur’d soul
With broken sighs and restless passions,
That, winged, mount, and hovering in the air,
Beat at the windows of the brightest heavens,
Soliciting for justice and revenge.


Le bourreau vient et lui remet un papier qu’il a trouvé, dit-il, sur ce drôle si bouffon, sur le pendu. Ce papier est une lettre dans laquelle Pedringano menaçait don Lorenzo, s’il ne venait pas à son secours, de dire la vérité, et de révéler que c’était à son instigation et à celle de don Balthazar qu’il avait assassiné Horatio.

Dans l’édition que j’ai sous les yeux, le troisième acte finit ici. L’éditeur a trouvé la tragédie divisée en quatre actes, et considérant que le troisième était à lui seul plus long que deux des autres, il a jugé à propos de le couper en deux, ce qui donne à l’ouvrage la forme habituelle de cinq actes ; mais je doute fort que ce fut l’intention de l’auteur ; car les deux personnages, qui jouent le rôle du chœur, ne prennent pas la parole en cet endroit, comme