Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
482
REVUE DES DEUX MONDES.

« Il faudra, dit-il, que chacun de nous joue son rôle dans une langue différente : vous, seigneur, en latin ; moi, en grec ; vous, en italien ; et comme je sais que Bel-Imperia a étudié le français, elle dira le sien dans cette langue. — Mais ce sera une confusion à ne pas s’entendre, dit avec raison le prince Balthazar. — Il en doit être ainsi, répond don Hieronimo, et la conclusion prouvera que tout était pour le mieux… D’ailleurs, pour ne pas ennuyer, la tragédie n’aura qu’une scène. »

Isabelle, réduite au désespoir, n’attendant plus rien de la justice des hommes, et voyant que son mari lui-même déserte la cause de leur enfant, dans ce même jardin où Horatio a été pendu, et dont elle s’est plu à détruire jusqu’à la dernière plante, se poignarde et va rejoindre son fils.

Cependant don Hieronimo poursuit son projet. Il donne le signal de lever le rideau. Le duc de Castille s’étonne de lui voir prendre lui-même tous ces soins. Il répond qu’un auteur ne doit rien négliger pour son succès ; il lui remet, pour le roi, une copie de la pièce, et il le prie, lorsque la suite aura passé dans la galerie, d’avoir l’obligeance de lui en jeter la clé, ce que le duc lui promet, sans y attacher d’importance.


DON HIERONIMO.

Êtes-vous prêt, don Balthazar ? Apportez un fauteuil et un coussin pour le roi. — Bien, Balthazar. Suspendez l’écriteau. La scène est à Rhodes. — Avez-vous mis votre barbe ?

DON BALTHAZAR.

La moitié ; l’autre est dans ma main.

DON HIERONIMO.

Dépêchez-vous, pour Dieu ! que vous êtes long ! — (À part.) Rappelle tes esprits ; énumère tes offenses. Souviens-toi qu’ils ont égorgé ton fils ; que sa mère, ton épouse bien-aimée, s’est tuée de désespoir. Sois tout à ta vengeance.


La cour entre, prend place, et, comme dans Hamlet encore, cause sur la représentation qui va avoir lieu. — Et ici se trouve cette note naïve, nécessitée par l’étrange fantaisie de Hieronimo :


Messieurs, on a jugé convenable de traduire en anglais, pour l’intelligence du lecteur, la tragédie de Hieronimo, écrite en différentes langues.