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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 novembre 1835.


La mort de M. de Rigny laisse un plus grand vide qu’on ne pense dans le ministère. M. de Rigny, au moment de sa mort, était sans portefeuille, il est vrai ; mais cette position inactive, qui était sur le point de cesser d’ailleurs, lui donnait d’autant plus d’importance aux yeux de ses collègues ; car elle était, en quelque sorte, de son choix, et il avait fait preuve de hautes vues politiques en l’acceptant. Il s’agissait alors de renforcer le ministère, M. Guizot insistait avec ardeur sur la nécessité de confier la présidence du conseil à M. de Broglie, et d’y adjoindre le portefeuille des affaires étrangères, que convoitait M. Thiers. Le ministère, à peine formé, se disloquait déjà de nouveau au milieu de ces prétentions contradictoires, quand M. de Rigny concilia tout avec son flegme et le calme qu’il apportait dans les affaires politiques. Ce fut lui qui demanda qu’on lui fît cette situation passive dont on le croyait si humilié et qui lui attira les sarcasmes de la presse. M. de Rigny ne se condamnait à cette nullité qu’afin de pouvoir parler avec désintéressement à ses collègues, et calmer les crises d’ambition qui les ont désunis déjà tant de fois. Aussi M. Thiers, qui se croit un