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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/542

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REVUE DES DEUX MONDES.

de l’Angleterre n’y firent le plus souvent allusion que pour reprocher au cabinet des Tuileries son inexplicable inertie.

Au commencement des conférences, lord Castlereagh est fixé sur la nécessité d’abandonner la Saxe à la Prusse pour s’assurer son concours dans les autres arrangemens territoriaux ; puis il hésite, parce que l’opposition parlementaire a choisi l’affaire de Saxe pour thème de ses déclamations obligées ; enfin, il se rend aux idées de M. de Talleyrand, et la triple alliance est signée : alliance dissoute par le coup de foudre du 20 mars, et à laquelle le rétablissement de la Pologne eût donné un objet plus important et plus digne.

L’Autriche concentrait son attention principale sur l’Italie, et la France, on doit le dire, n’était ni en mesure, ni peut-être en droit de contrarier ses vues d’agrandissement de ce côté, en revenant sur des actes qu’elle avait sanctionnés à Campo-Formio et à Lunéville, alors qu’elle faisait la loi à l’Europe. Dans l’affaire de Saxe, l’Autriche avait d’abord adhéré aux vues de la Prusse ; puis, influencée par la résistance de M. de Talleyrand qui provoqua celle de lord Castlereagh, par l’opinion des petits états et l’énergique refus de la Bavière, elle résolut, à l’exemple de ses alliés, de faire, du maintien de la Saxe abaissée au rang d’état du quatrième ordre, la question fondamentale pour l’avenir et la sécurité du monde.

Si, à cet instant suprême qu’avaient précédé tant d’hésitations, une volonté forte et éclairée eût présidé aux conseils de la France, l’influence de son ambassadeur se fût-elle dépensée d’une manière aussi stérile ? Si, en compensation de l’adjonction de la Saxe, dont le morcellement et l’anéantissement politique étaient malheureusement inévitables, on avait préparé l’érection d’un royaume de Pologne sur un pied, sinon intégral, du moins respectable, cette proposition n’avait-elle donc aucune chance d’être accueillie ?

On sait par combien de larmes Marie-Thérèse paya sa participation à une combinaison infâme, dont la pensée première fut étrangère à l’Autriche. Ces regrets, le cabinet impérial ne les dissimula jamais, et ce qui se passa depuis le premier partage ne fut pas de nature à les diminuer, L’Autriche ne tira pas de sa complicité une part égale à celle que leurs machinations valurent aux cours de Pétersbourg et de Berlin. Cette conviction était toute vivante encore en 1815 ; et au milieu des fluctuations de la politique autrichienne, c’était à ce sentiment qu’il fallait faire au moins un énergique appel, au lieu de n’oser pas même prononcer un nom que chacun murmurait tout bas !

Quel invincible obstacle existait donc à l’origine contre cette com-