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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/625

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HISTOIRE LITTÉRAIRE.

et cependant c’est à ceux qui, comme lui, ont acquis sur un sujet une véritable science qu’il convient de la résumer : car toute science peut et doit se résumer ; en toute chose, la connaissance exacte des détails doit finalement se transformer en lumière pour l’intelligence. Peut-être M. Viardot réserve-t-il ces considérations pour un autre ouvrage ; il ne faut pas oublier qu’il poursuit, par des travaux divers, une œuvre unique. Mais l’absence de ces vues générales n’en fait pas moins lacune dans les présentes Études, considérées à part et comme ne devant pas avoir de suite. Après cette critique, combien d’éloges n’aurions-nous pas à adresser à ce livre ! Nous n’en connaissons pas qui soit fait avec plus de conscience, de soin et de talent ; on y apprend à chaque page, et il est merveilleux que l’auteur ait pu réunir en un seul volume tant d’intéressantes notions de tout genre. Nous le répétons, au point où en sont aujourd’hui les relations entre les deux pays, un pareil livre est un service rendu à la France et à l’Espagne.

Le conseiller d’État, par Frédéric Soulié[1].
Qui sine peccato est vestrùm,
primus in illam lapidem mittat.


En lisant cette épigraphe sur l’élégante couverture imprimée du nouveau roman de M. Soulié, nous avouons que nous avons d’abord été tentés de la traduire ainsi : Que le critique qui n’a aucune publication de ce genre sur la conscience jette à ce livre la première pierre. Mais en nous rappelant les titres que l’auteur de Roméo et Juliette et des Deux Cadavres a acquis depuis long-temps à l’estime publique, nous avons bien vite réprimé cette saillie du lutin railleur qui s’éveille en nous à l’annonce d’un roman nouveau. De nos jours, où on voit naître et publier tant de mauvais romans, faut-il le dire ? après avoir lu le Conseiller d’état, nous inclinons à penser que M. Soulié lui-même, qui a fait ses preuves d’homme de goût, ne serait pas éloigné d’adopter, pour son épigraphe, la même version que nous. Ce n’est pas que ce nouvel ouvrage ne soit digne de son talent ; nous reconnaissons avec plaisir que les scènes dramatiques y abondent ; le style en est çà et là vif, coloré, saisissant ; le dialogue des personnages, que l’auteur aime à faire parler, ne manque ni de vérité ni de chaleur ; et par momens, dans les grandes crises, aux approches des péripéties, le

  1. vol. in-8o, librairie d’Ambroise Dupont, rue Vivienne.