elles triomphent), il dira à leurs partisans : Je suis oiseau, voyez mes ailes ! Ne suis-je pas du peuple comme vous ? n’ai-je pas loué Robespierre ? n’ai-je pas défendu pied à pied, contre Charles x, le terrain de la révolution ? J’aurais beau couvrir mes épaules plébéiennes de deux ou trois manteaux de pair, ils ne cacheraient pas mon origine et le sang d’où je sors. —
Voilà ce que fera M. Thiers : il suivra le flot de la fortune et de la puissance, comme il l’a suivi, de Manuel à M. Laffitte, de M. Laffitte au baron Louis, du baron Louis à Casimir Périer, et de Périer à M. de Talleyrand. Il passait par la porte de droite ; tout le changement qui se fera dans sa vie et dans sa conscience, consistera à passer de nouveau, comme autrefois, par la porte de gauche. Pourvu que cette porte mène au banc des ministres, n’est-ce pas tout ce qu’il veut ? Mais je m’arrête, monsieur, car je n’ai pas le dessein d’écrire la vie de M. Thiers. Je n’en veux pour preuve que le silence que j’ai gardé sur l’intérieur du ministre, sur son entourage, sur les influences qui dominent auprès de lui, sur le célèbre dîner de Grand-Vaux, et sur une foule d’autres circonstances que je m’abstiens même de citer ; je ne me suis prescrit que la tâche de vous exposer rapidement le caractère politique de M. Thiers, et je crois que je l’ai remplie sans sortir de mes limites. Publica sunt hœc negotia, non privata, comme dit le vieux Flodoarden parlant de Hugues Capet.