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L’ESPAGNE DEPUIS FERDINAND VII.


craignait d’éveiller d’électriques souvenirs ; on voulait bien exiler du trône don Carlos ; on voulait bien assurer à Christine la régence ; mais, en changeant au bénéfice de la jeune reine la ligne de succession, on n’entendait nullement changer la ligne politique, et l’on comptait bien toujours poursuivre la tradition de 1823 sous le nom d’une reine d’Espagne à défaut d’un prince des Asturies. Si, depuis, la force des choses a dérangé quelque peu ces belles combinaisons et troublé les doux loisirs que se promettait la régence, on le déplore sans doute amèrement ; on maudit au fond de l’âme ces nécessités insolentes qui se permettent de déjouer les calculs

    voyèrent à la voie réservée copie certifiée de la susdite supplique et de tout ce qui s’y rapportait, et l’on publia le tout dans l’assemblée avec la réserve conditionnelle.

    « Les troubles qui agitèrent alors l’Europe, et ceux que la Péninsule éprouva depuis, ne permirent pas l’exécution de ces importans desseins, qui demandaient des jours plus sereins. Ayant, avec l’aide de la miséricorde divine, heureusement rétabli la paix et l’ordre dont mes peuples chéris avaient si grand besoin, après avoir examiné cette grave affaire et ouï l’avis des ministres zélés pour mon service et le bien de l’état, par mon royal décret du 26 de ce mois, j’ai ordonné que, sur le vu de la pétition originale et de la résolution prise à ce sujet par mon bien-aimé père, ainsi que de la certification des premiers écrivains des cortès qui accompagnait ces documens, on publiât immédiatement la susdite loi et pragmatique en la forme voulue.

    « L’ayant publiée dans mon conseil général avec l’assistance de mes deux fiscaux qui ont été entendus in voce le 27 du même mois, on y résolut de lui donner le complément en l’expédiant avec force de loi et pragmatique sanction, comme faite et promulguée en assemblée de cortès. En conséquence, j’ordonne qu’on observe, garde et accomplisse à perpétuité le contenu littéral de la loi 2, titre 15, 2e partie, conformément à la pétition des cortès assemblées dans mon palais de Buen-Retiro en 1789, et dont le texte littéral suit :

    « L’avantage de naître le premier est une très grande marque d’amour que Dieu donne aux fils des rois qui doivent avoir d’autres frères : celui à qui il veut faire cet honneur, domine les autres, lesquels doivent lui obéir et le regarder comme leur père et seigneur. Que cela soit vrai, c’est ce que prouvent trois raisons : la première, selon la nature ; la seconde, selon la loi ; la troisième, selon la coutume. 1o Selon la nature, car le père et la mère désirent ardemment avoir lignage qui hérite de ce qui leur appartient, et celui qui naît le premier et qui arrive plus à propos pour remplir ce qu’ils désirent, celui-là est par conséquent plus aimé d’eux, et il doit l’être ; 2o selon la loi, car notre Seigneur Dieu dit à Abraham, lorsqu’il lui ordonna, pour