France. Bonaparte lui avait arraché deux fois le Milanais ; Moreau l’avait refoulée sur le Rhin. Rentrée en lice par son alliance avec la Russie, Austerlitz accabla cette nouvelle coalition, et le cabinet autrichien se décida à signer le traité de Presbourg.
C’est la politique de ce traité que M. de Metternich était chargé de diriger à Paris. Cette convention, immense dans ses clauses, avait bouleversé tout le vieux système allemand qui remontait à la Bulle d’or. D’abord le Wurtemberg et la Bavière cessaient d’être de simples électorats, et devenaient des royaumes. La Bavière recevait, aux dépens de l’Autriche, un territoire de plus de douze cents milles carrés, une population de près de trois millions d’ames, et des revenus de plus de dix-sept millions de florins. L’agrandissement du Wurtemberg, également au préjudice de l’Autriche, quoique moins considérable sans doute, s’élevait encore à près de cent cinquante milles carrés. Le duché de Bade avait part à ces dépouilles. L’Autriche perdait l’état de Venise, le Tyrol, les cinq villes du Danube, la Dalmatie vénitienne, les bouches du Cattaro. L’acte de la confédération du Rhin déchira les derniers débris du vieux manteau impérial, et François ii renonça à cette antique dignité, désormais un vain titre, à cette boule et à cette couronne d’or qui depuis six siècles n’étaient jamais sorties de la maison d’Autriche.
Dans sa mission à Paris, M. de Metternich s’était profondément pénétré de cette situation triste et pénible où se trouvait François ii. Après les grands revers de la maison d’Autriche, l’ambassadeur croyait que le meilleur moyen de reconquérir un peu d’influence en Europe, était de conserver l’alliance de Napoléon, ou pour mieux dire, une exacte neutralité, qui pût permettre à l’Autriche de se dessiner à son profit dans une circonstance décisive. De nouveaux succès d’ailleurs venaient de couronner les armes de Napoléon ; la Prusse, après avoir trop hésité, s’était jetée tête baissée dans l’alliance de la Russie. Vaincue à Iéna, la paix de Tilsitt avait encore une fois pacifié le monde et posé les bases d’une trêve universelle. M. de Metternich reçut de sa cour l’ordre de plaire avant tout à Napoléon, de se le rendre favorable par une déférence respectueuse, qui pouvait bien s’adresser à un grand homme. M. de Metternich parut souvent aux Tuileries. Représentant une vieille maison européenne, lui-même d’une naissance distinguée, avec les manières de l’aristocratie, M. de Metternich réussit dans sa mission. Certes, la cour de Napoléon ne le cédait à aucune cour de l’Europe pour la gloire militaire, pour les capacités politiques et administratives ; mais il y régnait une étiquette, un ton tout à la fois solda-