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L’ESPAGNE DEPUIS FERDINAND VII.

jour de leurs couvens en proclamant le roi Charles v, et la guerre civile fut engagée. Le premier général envoyé par M. Zéa contre les rebelles fut le général Saarfied, qui alla se croiser les bras à Burgos et fut remplacé par Géronimo Valdès, qui fut, lui, remplacé par bien d’autres. Le mouvement des provinces produisit à Madrid une explosion violente : le 27 octobre, les volontaires royalistes furent désarmés. Ces volontaires ne ressemblaient pas mal, par leur organisation et surtout par leurs habitudes, aux bandes du cardinal Ruffo dans les Calabres, et à celles de Trestaillon dans le Midi.

Cependant l’impopularité de M. Zéa marchait avec les évènemens, elle grandissait avec eux ; il essaya de faire de la force ; il exila par lettres de cachet, il supprima des journaux ; mais ces moyens extrêmes ne servirent qu’à mettre à nu sa faiblesse. Assiégé et serré de plus en plus près par deux ennemis également irrités, il avait les bras enchaînés, et, condamné à l’immobilité, il ne pouvait, à la lettre, faire aucun mouvement. Pour rendre son isolement plus complet, le conseil de régence l’abandonna tout-à-fait ; le marquis de las Amarillas, qui en était toujours l’ame, se joignit au parti constitutionnel pour réclamer des garanties politiques. Enfin, l’insubordination des capitaines-généraux vint porter le dernier coup à cette forteresse démantelée. Le général Quesada, qui avait passé du gouvernement de Séville à celui de Valladolid, lança un manifeste, moitié soumis, moitié menaçant, où il demandait formellement à la reine le renvoi de M. Zéa. Après Quesada, vint Llauder ; le protégé de Lacy était alors capitaine-général de Catalogne : il avait opéré sa conversion ; l’Espagne n’avait pas de plus chaud libéral ; il brûlait d’amour pour les institutions nationales ; couvrant une ancienne inimitié personnelle de ce beau masque de citoyen, il renchérissait sur les exigences de son collègue, et c’est tout au plus si dans son manifeste il ne demandait pas à la reine la tête de M. Zéa.

Seul et sans appui au milieu de ce déchaînement légitime, M. Zéa devait tomber, il tomba. Il tomba au nom de ces institutions que son opiniâtre sophisme déniait au vœu public, et qui étaient devenues le mot d’ordre universel, la nécessité de la monarchie. M. Zéa quitta donc le ministère une seconde fois. La