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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

rayons se réunissaient, quand ils arrivaient simultanément sur la feuille, toute clarté disparaissait, la nuit la plus complète succédait au jour.

Deux rayons ne s’anéantissent pas toujours complètement dans le point de leur intersection. Quelquefois on n’y observe qu’un affaiblissement partiel ; quelquefois aussi les rayons s’ajoutent. Tout dépend de la différence de longueur des chemins qu’ils ont parcourus, et cela suivant des lois très simples dont la découverte, dans tous les temps, eût suffi pour immortaliser un physicien.

Les différences de route qui amènent entre les rayons des conflits accompagnés de leur destruction entière, n’ont pas la même valeur pour des lumières diversement colorées. Lorsque deux rayons blancs se croisent, il est donc possible que l’un de leurs principes constituans, le rouge, par exemple, se trouve seul dans des conditions de destruction. Mais le blanc moins le rouge, c’est du vert ! Ainsi l’interférence lumineuse se manifeste alors par des phénomènes de coloration ; ainsi, les diverses couleurs élémentaires sont mises en évidence, sans qu’aucun prisme les ait séparées. Qu’on veuille bien, maintenant, remarquer qu’il n’existe pas un seul point de l’espace où mille rayons de même origine n’aillent se croiser après des réflexions plus ou moins obliques, et l’on apercevra, d’un coup d’œil, toute l’étendue de la région inexplorée que les interférences ouvraient aux investigations des physiciens.

Lorsque Young publia cette théorie, beaucoup de phénomènes de couleurs périodiques s’étaient déjà offerts aux observateurs ; on doit ajouter qu’ils avaient résisté à toute explication. Dans le nombre on peut citer les anneaux qui se forment par voie de réflexion, non plus sur de minces pellicules, mais sur des miroirs de verre épais légèrement courbes ; les bandes irisées de diverses largeurs dont les ombres des corps sont bordées au dehors, et parfois couvertes intérieurement, que Grimaldi aperçut le premier, qui plus tard exercèrent inutilement le génie de Newton, et dont la théorie complète était réservée à Fresnel ; les arcs colorés rouges et verts qu’on aperçoit en nombre plus ou moins considérable immédiatement au-dessous des sept nuances prismatiques de l’arc-en-ciel principal, et qui semblaient si complètement inexplicables, qu’on avait fini par n’en plus faire mention dans les traités de physique ; ces couronnes, enfin, aux couleurs tranchées, aux diamètres perpétuellement variables, qui souvent paraissent entourer le soleil et la lune.

Si je me rappelle combien de personnes n’apprécient les théories scientifiques qu’à raison des applications immédiates qu’elles peuvent