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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/754

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REVUE DES DEUX MONDES.

offrir, je ne saurais terminer cette énumération de phénomènes que caractérisent des séries plus ou moins nombreuses des couleurs périodiques, sans mentionner les anneaux si remarquables par la régularité de leur forme et par la pureté de leur éclat, dont toute lumière un peu vive paraît entourée quand on l’examine au travers d’un amas de molécules ou de filamens d’égales dimensions. Ces anneaux, en effet, suggérèrent à Young l’idée d’un instrument extrêmement simple qu’il appela un ériomètre, et avec lequel on mesure sans difficulté les dimensions des plus petits corps. L’ériomètre, encore si peu connu des observateurs, a sur le microscope l’immense avantage de donner d’un seul coup la grandeur moyenne des millions de particules qui se trouvent comprises dans le champ de la vision. Il possède, de plus, la propriété singulière de rester muet lorsque les particules diffèrent trop entre elles, ou, en d’autres termes, lorsque la question de déterminer leurs dimensions n’a véritablement aucun sens.

Young appliqua son ériomètre à la mesure des globules du sang de différentes classes d’animaux, à celles des poussières que diverses espèces végétales fournissent ; à la mesure de la finesse des fourrures employées dans les manufactures de tissus, depuis celle du castor, la plus fine de toutes, jusqu’aux toisons des troupeaux communs du comté de Sussex, qui, placées à l’autre extrémité de l’échelle, se composent de filamens quatre fois et demie aussi gros que les poils de castor.

Avant Young, les nombreux phénomènes de coloration que je viens d’indiquer étaient non-seulement inexpliqués, mais rien ne les liait entre eux. Newton, qui s’en occupa si long-temps, n’avait, par exemple, aperçu aucune connexité entre les iris des lames minces et les bandes de la diffraction. Young amena ces deux espèces de stries colorées à n’être que des effets d’interférence. Plus tard, quand la polarisation chromatique eut été découverte, il puisa dans quelques mesures d’épaisseur des analogies numériques remarquables, très propres à faire présumer que, tôt ou tard, ce genre bizarre de polarisation se rattacherait à sa doctrine. Il y avait là, toutefois, on doit l’avouer, une immense lacune à remplir. D’importantes propriétés de la lumière alors complètement ignorées ne permettaient pas de concevoir tout ce que, dans certains cristaux et dans certaines natures de coupe, la double réfraction engendre de singularités par les destructions de lumière qui résultent des entrecroisemens des faisceaux ; mais c’est à Young qu’appartient l’honneur d’avoir ouvert la carrière ; c’est lui qui, le premier, a commencé à débrouiller ces hiéroglyphes de l’optique.

Le mot d’hiéroglyphe envisagé, non plus métaphoriquement, mais