agréable nécessité de reconnaître, et cela d’après les documens officiels d’un hôpital confié à des médecins justement célèbres, qu’en masse les fièvres abandonnées à leur cours naturel ne sont ni plus graves ni plus longues que lorsqu’on les traite par les meilleures méthodes.
En 1818, Young, ayant été nommé secrétaire du Bureau des Longitudes, abandonna presque entièrement la pratique de la médecine pour se livrer à la minutieuse surveillance de l’ouvrage périodique célèbre connu sous le nom de Nautical Almanac. À partir de cette époque, le journal de l’institution royale donna, tous les trimestres, de nombreuses dissertations sur les plus importans problèmes de l’art nautique et de l’astronomie. Un volume intitulé : Illustrations de la mécanique céleste de Laplace ; une savante dissertation sur les marées, auraient d’ailleurs amplement attesté que Young ne considérait pas l’emploi qu’il venait d’accepter comme une sinécure. Cet emploi fut cependant pour lui une source inépuisable de dégoûts. Le Nautical Almanac avait été jusque alors un ouvrage exclusivement destiné au service de la marine. Quelques personnes demandèrent qu’on en fît de plus une éphéméride astronomique complète. Le Bureau des Longitudes, à tort ou à raison, n’ayant pas paru grand partisan du changement projeté, se trouva subitement en butte aux plus violentes attaques. Les journaux de toute couleur, whigs ou tories, prirent part au combat. On ne vit plus dans la réunion des Davy, des Wollaston, des Young, des Herschel, des Kater et des Pond, qu’un assemblage d’individus (je cite textuellement) qui obéissaient à une influence béotienne ; le Nautical Almanac, jadis si renommé, était devenu pour la nation anglaise un objet de honte ; si l’on y découvrait une faute d’impression, comme il y en a, comme il y en aura toujours dans les recueils de chiffres un peu volumineux, la marine britannique, depuis la plus petite chaloupe jusqu’au colossal vaisseau à trois ponts, trompée par le chiffre inexact, allait s’engloutir en masse au fond de l’Océan, etc.
On a prétendu que le principal promoteur de ces folles exagérations n’aperçut tant de graves erreurs dans le Nautical Almanac, qu’après avoir inutilement tenté de se faire agréger au Bureau des Longitudes. J’ignore si le fait est exact. En tout cas je ne saurais me rendre l’écho des malicieux commentaires auxquels il donna naissance : je ne dois pas oublier, en effet, que, depuis plusieurs années, le membre de la Société royale dont on a voulu parler consacre noblement une grande partie de sa brillante fortune à l’avancement des sciences. Cet astronome recommandable, comme tous les savans dont les pensées sont concentrées sur un seul objet, a eu le tort, que je ne prétends pas excuser, de