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REVUE. — CHRONIQUE.

vait faire que le gouvernement des États-Unis donnât les mains à cet arrangement. Les choses en sont restées là, et il est probable que le cabinet anglais a chargé son ministre aux États-Unis de faire une démarche semblable à celle de lord Granville auprès de M. de Broglie. Les assises d’une négociation sont donc posées, et elle pourra s’ouvrir si le gouvernement américain désire vraiment la paix ; mais, dans le cas contraire, la demande d’une médiation, faite par la France à l’Angleterre, n’eût fait qu’augmenter la jactance et l’orgueil américains. On voit que toute la question de la guerre repose aujourd’hui sur le message du président.

L’affaire de la présidence de la chambre est à peu près réglée. Le ministère s’est décidé à laisser encore cette année M. Dupin sur le fauteuil. M. le ministre de l’intérieur, qui gardait quelque rancune à M. Dupin, s’est sacrifié de bonne grâce, peut-être en songeant que l’appui de M. Dupin lui serait nécessaire pour former un cabinet, si de nouvelles dissensions éclataient entre lui et ses collègues. De leur côté, M. de Broglie et M. Guizot ont insisté pour que M. Dupin ne fût pas rejeté sur les bancs de la chambre, où l’activité de son esprit pourrait leur devenir funeste. La difficulté de trouver un président capable d’imposer à la chambre, de la dominer comme fait le président actuel, qui tient toujours un quolibet ou un mot foudroyant suspendu sur la tête de l’orateur et des turbulens, n’a pas été l’une des moindres considérations en faveur de son maintien.

M. de Talleyrand est malade d’une affection au cœur. La princesse de L… avait beau dire, il y a peu de jours, que cette maladie au cœur de M. de Talleyrand est une prétention, ce mal fait craindre pour ses jours, et abrégera peut-être une vie qui promettait d’être encore bien longue. La mort du docteur Bourdois, le médecin ordinaire de M. le prince de Talleyrand, augmente encore les alarmes de sa famille. Cependant le prince se rétablit un peu, et les mauvaises langues disent que la mort de sa femme lui a causé du soulagement. Il est vrai que le mot de M. de Talleyrand qui disait à Louis xviii, en apprenant l’arrivée de Mme de Talleyrand à Paris : « Sire, c’est mon 23 mars, » semble autoriser cette mauvaise plaisanterie. La princesse de Talleyrand, jadis Mme Grant, a reçu les derniers sacremens avec une piété exemplaire, mais elle n’a pu les obtenir qu’en obéissant aux volontés de M. l’archevêque de Paris, qui lui avait enjoint de faire une confession publique, et de demander pardon, les portes ouvertes, d’avoir donné au monde chrétien le scandale d’un mariage avec un prêtre. Cette rigueur de M. l’archevêque de Paris envers Mme la princesse