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le chancelier d’Autriche exposa nettement que « la monarchie à laquelle il présidait ne s’écarterait point des principes de l’alliance avec la France ; mais la situation ayant changé de nature, et le territoire autrichien pouvant devenir le théâtre des hostilités, le cabinet de Vienne devait naturellement prendre une attitude plus dessinée, afin d’amener le terme d’une collision qui désormais allait le toucher si immédiatement. »

La mission du prince de Schwartzenberg, si admirateur de Napoléon, celle du comte de Bubna, furent dirigées dans le même sens. On n’abdiquait pas l’alliance, mais le cabinet autrichien prétendait qu’elle ne pouvait plus reposer sur les mêmes élémens ; en un mot, qu’il devait prendre une part plus décisive sur les évènemens qui allaient s’accomplir.

Le but de M. de Metternich dans cette nouvelle négociation était de préparer une paix générale. Ce but n’était pas tout-à-fait désintéressé, car par suite de la position que les évènemens lui avaient faite, le cabinet de Vienne devait trouver des avantages territoriaux dans la nouvelle circonscription qu’une pacification générale pouvait amener. Le parti anglais grandissait à Vienne ; lord Walpole était arrivé avec des propositions de subsides, et des cessions de territoire. À mesure que de nouveaux revers venaient affliger l’armée française, les populations allemandes se prononçaient avec plus de vivacité, et il faut bien le dire ici, parce que c’est de l’histoire : les peuples étaient plus avancés que les gouvernemens dans leur haine et leur répugnance contre le système français. M. de Metternich persista dans sa ligne de médiation, par la conviction qu’il en résulterait un avantage réel pour sa monarchie.

Ces négociations durèrent pendant tout l’hiver de 1812 à 1813. À M. Otto avait succédé le comte Louis de Narbonne. Napoléon envoyait à Vienne le représentant de l’alliance de famille ; il espérait que la présence de M. de Narbonne rappellerait qu’une archiduchesse régnait sur l’empire français. Cette archiduchesse venait même, par un acte du sénat et de l’empereur son mari, d’être officiellement établie régente pendant l’absence de Napoléon. Le gouvernement était ainsi dans ses mains. N’était-ce pas une nouvelle garantie donnée à l’Autriche des sentimens personnels du gendre de François ii ?

Pendant ce temps, des levées considérables se faisaient sur tout le territoire autrichien ; l’armée devait être portée au complet de 300,000 hommes. M. de Metternich justifiait ces armemens par la position naturelle dans laquelle se trouvait l’Autriche. Quand les belligérans étaient si rapprochés du territoire d’un neutre, il était simple que ce neutre prît des précautions pour préserver sa propre monarchie. Par cette