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DIPLOMATES EUROPÉENS.

pendance des paroles et des actions. Ses habitudes de commandement rendaient ses paroles vives, ses interpellations brusques, et quand elles s’adressaient à un homme d’une position élevée, elles le blessaient souvent. M. de Metternich en 1813 n’était plus l’ambassadeur de l’humble Autriche après le traité de Presbourg ; il était alors à la tête d’une puissante monarchie, et ses conseils pouvaient entraîner le cabinet de Vienne dans une alliance avec la France. C’était donc un négociateur diplomatique qu’il fallait traiter avec ménagement, et non point avec mépris ou colère.

M. de Metternich ne quitta point immédiatement le quartier-général de Dresde ; vivement sollicité pour la tenue d’un congrès, il consentit aux conférences de Prague, tandis qu’une nouvelle convention d’armistice prolongea la suspension d’armes jusqu’au 10 août. MM. de Caulaincourt, de Narbonne, et le duc de Bassano, durent représenter la France au congrès de Prague ; la Russie et la Prusse désignèrent MM. d’Anstett et de Humboldt. La présidence du congrès venait de droit au représentant de la puissance médiatrice, c’est-à-dire à M. de Metternich. Napoléon éleva d’abord une difficulté d’étiquette ; MM. de Humboldt et d’Anstett n’étaient que des diplomates de second ordre, tandis que MM. de Caulaincourt et de Bassano avaient le premier rang. Cette difficulté se prolongea. Quand tous ces plénipotentiaires sont sur les lieux, des objections de forme s’établissent sur tous les points ; on discute sur des préséances, sur de petites questions de détail ; on veut savoir si l’on traitera par écrit ou de vive voix ; on fait de l’érudition diplomatique sur les précédens congrès, sur les formes suivies à Aix-la-Chapelle ou à Riswick, mais on n’aborde aucune question générale, aucun de ces hauts points de prépondérance et de circonscription territoriale. Il semblait que chacune des parties voulait gagner du temps, et que toutes se mettaient en mesure de recommencer les batailles. L’Autriche elle-même prenait ses précautions, et dans l’impossibilité d’obtenir le traité qu’elle imposait à la France, elle s’associait au congrès militaire de Trachenberg, où le prince royal de Suède, Bernadotte, traçait le vaste plan de campagne des alliés. Là, la Russie et la Prusse accueillaient toutes les propositions de M. de Metternich sans difficultés ; on sentait l’importance d’obtenir la coopération de l’armée autrichienne ; aucun sacrifice n’était épargné. La Russie et la Prusse avaient montré plus d’habileté que les diplomates chargés de représenter la France à Prague, Napoléon n’ignorait point ce qui se passait sous les tentes des alliés. Afin de détourner les mauvais résultats du congrès de Prague, il s’était