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que notre auteur serait désolé d’être soupçonné d’ajouter foi à ce qu’il chante.

À côté des légendes se trouvent des récits historiques tels que : le Naufrage de la Blanche Nef, où l’auteur a rimé, non les anciennes chroniques, comme l’a fait Mme Tastu dans un recueil trop peu connu, mais bien la prose des plus secs d’entre nos historiens. Puis viennent des impressions, des ballades et quelques poésies intimes. Dans les impressions, le poète chante ce qu’il a éprouvé à la vue des merveilles naturelles ou monumentales de la Normandie ; les titres ont eu un grand charme pour nous, et nous avons couru à certaines pièces ; le Mont-Saint-Michel, le Château de Falaise, la Brèche au Diable, lieux où nous aussi avions fait notre pélerinage. Qu’avons-nous trouvé, grand Dieu ! Des lieux communs sans émotion et sans vérité, dont on n’aurait qu’à changer les noms pour les appliquer avec tout autant de justesse à une foule d’autres sites. Dans les ballades, l’auteur a cherché vainement à rappeler la malice naïve de nos anciens fabliaux ; enfin, les poésies intimes sont heureusement en très petit nombre.

La dernière pièce du recueil a pour titre Adieu, ou la Sylphide. Cette sylphide veut faire cesser les chants du poète ; elle lui dit que le temps n’est pas à la poésie, mais à la science ; le poète résiste ; il ne veut pas quitter la baguette magique pour la règle et le compas ; il ne veut pas écouter des avis dont une partie nous semble excellente à suivre :


Étudie, analyse, interroge, mesure !…
Que ton luth ingénu dorme sous la verdure ;


dit la Sylphide. Mais si le luth ingénu s’endort, ce ne sera pas pour long-temps, et l’auteur nous annonce au moins trois nouveaux volumes de poésies.

Nous n’avons pu saisir le but, la pensée dominante de ces poésies ; toutefois ce n’est pas le désir d’une vaine gloire, car « le poète est comme le hêtre, dit M. Le Flaguais, quand il a jeté ses feuilles au vent, il ne s’inquiète plus de leur destin ; le bruit qu’elles font en volant dans les sentiers et à travers les plaines ne revient jamais jusqu’à lui. » Nous pouvons donc être parfaitement tranquilles, ce faible écho n’ira pas troubler l’auteur des Neustriennes dans sa sublime solitude.


— D’importans travaux historiques sont commencés sur plusieurs points de la France, sous la direction et par les soins de M. Guizot. Rien de plus louable en soi ; mais cet esprit de généreuse protection devrait-il se borner aux études historiques ? le département de M. Guizot ne com-