et c’était là une clause dont les landlords oubliaient bien moins de maintenir l’exécution, que s’il s’était agi d’une reconnaissance pure et simple de leurs droits. Quand la durée du bail était très longue, les tenanciers (lease-holders) étaient, ou plutôt devinrent, moins de simples locataires que des propriétaires à terme.
Ces transformations dans la propriété sont relatives presque exclusivement aux biens ruraux, et par conséquent c’est aux élections des comtés que se rapportent les irrégularités qu’elles ont produites ; quant à celles que présente le système électoral des bourgs, elles tiennent en général à d’autres causes, qu’il serait trop long d’examiner ici, mais dont nous aurons peut-être occasion d’indiquer en passant quelques-unes. Au reste, on peut dire d’avance que ce qui résulterait d’un examen approfondi, c’est que le mode de répartition des franchises électorales n’avait dans l’origine rien de trop choquant, et que les plus grandes bizarreries qu’on y remarque viennent de ce qu’il était resté à peu près immobile, pendant que les intérêts s’étaient chaque jour déplacés.
Je ne doute point, et personne ne doutera, je le suppose, que la chambre des communes ne représente aujourd’hui les intérêts du peuple beaucoup mieux qu’elle ne le faisait dans le principe ; mais je ne crains pas d’avancer que si l’on s’en tient seulement aux formes, l’ancien mode de répartition avait, lorsqu’il a été arrêté, quelque chose de plus rationnel que celui qui est maintenant en vigueur. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur le tableau de répartition des 513 représentans d’Angleterre et du pays de Galles avant l’acte de réforme.
Les 40 comtés d’Angleterre envoyaient 92 membres (knights), quelques-uns ayant eu, dès le principe, en raison de leur étendue ou de leur importance, un nombre de députés supérieur à celui des autres ; — 25 cités envoyaient chacune 2 citadins (depuis long-temps cependant l’une de ces cités, Ely, avait perdu sa franchise électorale, et Londres envoyait 4 députés au lieu de 2) ; — les 167 bourgs alors les plus importans envoyaient également chacun deux membres, deux bourgeois ; 5 bourgs moindres en envoyaient chacun 1. Les 12 bourgs de Galles en envoyaient 12 ; mais il y avait eu là aussi un changement ; Merioneth avait cessé d’en nommer, et Pembroke en envoyait deux. Les universités d’Oxford et de Cambridge en nommaient chacune 2 ; enfin le district des Cinque Ports en nommait 8. Ce district comprenait 5 ports situés sur la partie de la côte d’Angleterre la plus voisine de la France, ports qui, étant plus exposés aux invasions, avaient dû être mis sous une juridiction spéciale, afin de pouvoir offrir une résistance plus prompte et plus efficace. Deux autres ports y avaient été plus tard adjoints sans que pour cela on changeât le nom, qui d’ailleurs n’avait plus de signification dans le langage vulgaire depuis qu’on avait cessé de parler français.