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GUELFES ET GIBELINS.

et les Guelfes restèrent exilés jusqu’en 1251, époque de la mort de Frédéric ii.

Cette mort produisit une réaction. Les Guelfes furent rappelés, et le peuple reprit une partie de l’influence qu’il avait perdue. Un de ses premiers règlemens fut l’ordre de détruire les forteresses, derrière lesquelles les gentilshommes bravaient les lois. Un rescrit enjoignit aux nobles d’abaisser les tours de leurs palais à la hauteur de cinquante brasses, et les matériaux résultant de cette démolition servirent à élever des remparts à la ville, qui n’était point fortifiée du côté de l’Arno. Enfin en 1252, le peuple, pour consacrer le retour de la liberté à Florence, frappa, avec l’or le plus pur, cette monnaie que l’on appelle florin, du nom de la ville, et qui depuis sept cents ans est restée à la même effigie, au même poids et au même titre, sans qu’aucune des révolutions qui suivirent celle à laquelle il devait naissance, ait osé changer son empreinte populaire, ou altérer son or républicain.

Cependant les Guelfes, plus généreux ou plus confians que leurs ennemis, avaient permis aux Gibelins de rester dans la ville. Ceux-ci profitèrent de cette liberté pour ourdir une conspiration, qui fut découverte. Les magistrats leur firent porter l’ordre de venir rendre compte de leur conduite ; mais ils repoussèrent les archers du podestat à coups de pierres et de flèches. Tout le peuple se souleva aussitôt ; on vint attaquer les ennemis dans leurs maisons, on fit le siége des palais et des forteresses ; en deux jours tout fut fini. Schazetto des Uberti mourut les armes à la main. Un autre Uberti et un Infangati eurent la tête tranchée sur la place du Vieux-Marché ; et ceux qui échappèrent au massacre ou à la justice, guidés par Farinata des Uberti, sortirent de la ville, et allèrent demander à Sienne un asile qu’elle leur accorda.

Farinata des Uberti était un de ces hommes de la famille du baron des Adrets, du connétable de Bourbon et des Lesdiguières, qui naissent avec un bras de fer et un cœur de bronze, dont les yeux s’ouvrent dans une ville assiégée et se ferment sur un champ de bataille ; — plantes arrosées de sang, et qui portent des fleurs et des fruits sanglans.

La mort de l’empereur lui ôtait la ressource ordinaire aux Gibelins, qui était de s’adresser à l’empereur. Il envoya alors des députés à Manfred, roi de Sicile. Ces députés demandaient une