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REVUE LITTÉRAIRE DE L’ALLEMAGNE.

rompus, se sont classés d’un aveu presque unanime, quoique tacite, au rang des usages. Qui oserait y prendre les luttes d’un amour adultère pour sujet de peintures éloquentes, comme on ne cesse de le faire en France ? Il serait convenu tout d’abord que l’auteur n’a représenté que des criminels. Faire un roman de mœurs en Allemagne, c’est copier la loi, et c’est chose peu récréative. Aussi, les auteurs qui ont quelque valeur se rejettent dans le moyen-âge, dans les passions historiques, dans les sujets étrangers, dans l’extraordinaire, dans l’imprévu, dans les coups de théâtre, et négligent grandement le naturel. Je ne parle pas de ceux qui végètent encore avec des calques de l’innocent Auguste Lafontaine.

M. Spindler est sans contredit l’un des romanciers les plus distingués de l’Allemagne, l’un de ceux surtout qui font le mieux des choses incomplètes, parce qu’ils étaient nés pour tout comprendre. Il observe et voit juste, sent finement la nature humaine, et trouve à l’occasion le comique avec bonhomie, parce qu’il n’a aucun engagement avec la sentimentalité nationale. Avec tout cela M. Spindler, résolu à l’effet à tout prix, écrit rarement de bons romans. Il commence par la simplicité et finit dans le terrible. C’est l’homme qui a le plus de prédilection pour les grands coups et les violences calculées. Il faut à chacune de ses fables une scène machinée comme un théâtre de mélodrames. C’est le plus humainement, le plus doucement du monde qu’il fait du crime atroce, c’est avec l’absence de foi la plus marquée, qu’il exploite le fantastique. Ce qu’il voit avant tout, c’est le public et le libraire qui commandent des émotions, qui veulent autre chose que cette vie réelle si uniforme et si tôt apprise. Parmi les contes qu’il a publiés sous le titre de Violettes d’automne, on en remarque particulièrement deux : Maruzza et les Capucins. Le premier est un tableau vraiment distingué d’un village valaque ; il est fâcheux qu’il se termine par de vulgaires scènes de brigands ; le second, une création originale dont la première moitié captive par des teintes douces et d’une grande finesse. La fin ne peut se faire qu’à grand renfort d’évènemens incroyables et de combinaisons sataniques. Il serait possible, en remaniant cette seconde partie, d’en refaire une jolie nouvelle. On doit regretter que M. Spindler, s’étant fait romancier, vive au milieu de modèles sans mouvement et sans couleurs variées, ce qui l’oblige à suppléer beaucoup de son propre fonds. On n’est jamais plus près de copier les autres que lorsqu’il faut toujours inventer.

Der Deutsche Student (L’Étudiant allemand, etc.), par A. de S.

La question de l’existence actuelle des universités allemandes est celle qui se discute dans ce livre, probablement à l’insu de l’auteur lui-même