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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 6.djvu/166

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REVUE DES DEUX MONDES.

paulle, Gallait, ont exposé des portraits historiques faits pour le Musée de Versailles. Dans quelques-uns de ces portraits se retrouve toujours le même défaut, l’imitation des peintres contemporains des personnages représentés.

Le Christ au tombeau de M. Comeyras ne manque certainement pas de talent. Mais, bon Dieu, quelle étrange couleur ! ces gens-là sont de cuivre et d’étain. Comment ne s’aperçoit-on pas que ce qui donne aux vieux tableaux des maîtres ces teintes qu’on imite, c’est le temps et la dégradation ?

Avant de sortir de la grande salle, il ne me reste plus qu’à parler de la Bataille des Pyramides ; je retrouverai M. Granet dans la galerie, et je reviendrai pour Robert. C’est avec respect et avec douleur qu’il faut prononcer le nom de Gros. Ce doit être aussi avec ces deux sentimens que M. Debay, son élève, a terminé l’œuvre, laissée imparfaite, du plus grand peintre de notre temps. Elle ne vaut pas, à beaucoup près, les autres ; mais c’est la dernière page d’un si beau livre, que sa seule ressemblance avec le reste doit l’ennoblir et la consacrer.

iv.

Nous voici dans la galerie. J’aime la Venise de M. Flandin. Il a du moins fait sa lagune tranquille, et non agitée comme une mer, comme on s’obstine à nous la peindre en dépit de la vérité ; car, n’en déplaise au Canaletto lui-même, la lagune est toujours dormante, hors dans les jours de grande tempête ; encore ne s’émeut-elle guère aux entours de la Piazzetta. Puisque je fais de la science, je rappellerai à M. Flandin que l’ange du campanille de Saint-Marc est doré, et non pas blanc. Mais ne voilà-t-il pas une belle remarque ! Les tons sont justes, les ombres bien jetées ; c’est bien le moment du coucher du soleil.

Le François de Lorraine de M. Johannot, quoique assez habilement exécuté, a encore ce défaut inexorable qui dépare tant de toiles cette année. C’est évidemment un pastiche de Rubens.

Tout le monde se souvient du Tobie exposé l’année dernière par M. Lehmann. Il y avait, dans ce début, non-seulement tout ce qui annonce un beau talent, mais encore ce qui le constitue. C’était à la fois une espérance et un résultat. Aussi n’avait-on pas manqué d’encourager le jeune artiste ; sa Fille de Jephté a fait changer quel-