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POÉSIE POPULAIRE DE LA HOLLANDE.

— Mais dites-moi comment il s’appelle, je saurai si je le connais. — Hélas ! je ne puis le dire ; j’ai oublié son nom. Mais c’est le fils d’un roi : son empire est immense ; son vêtement est bleu de ciel et parsemé d’étoiles.

« Son visage est blanc et rose, ses cheveux sont blonds comme l’or, et toute sa nature est si merveilleuse et si douce, que rien au monde ne lui ressemble. Il venait du royaume de son père, et voulait m’emmener avec lui. Mais, hélas ! il est parti.

« Son père tient le sceptre de la terre et du ciel ; sa mère est une vierge très belle et très chaste. — Ah ! s’écria le portier, c’est Jésus notre Seigneur. — Oui, mon père, c’est lui que j’aime et que je cherche.

— Bien, jeune fille, si c’est là votre fiancé, je veux vous le montrer. Venez, venez, vous êtes au bout de votre voyage. Entrez sous notre toit, ô jeune fiancée ; et, dites-moi, d’où venez-vous ? sans doute d’une terre étrangère ?

— Je suis la fille d’un roi. J’ai été élevée dans les grandeurs, et j’ai tout quitté pour celui que j’aime. — Vous retrouverez plus que vous n’avez quitté, près de celui de qui tous les biens proviennent, près de Jésus, votre amour.

« Entrez donc, et suivez mon conseil. Je vous mènerai à Jésus ; mais renoncez à toutes les grandeurs païennes ; renoncez à la tendresse de votre père, oubliez votre terre de paganisme, car désormais vous devez être chrétienne.

— Oui, mon père, je me rends à vos avis. Mon amour est ce que j’ai de plus cher, et nul sacrifice ne peut m’effrayer. Et alors le religieux lui enseigne la vraie foi et la loi de Dieu. Il lui dit l’histoire sainte de Jésus, depuis sa naissance jusqu’à sa mort.

« La jeune fille dévoua son ame à Dieu : elle avait un grand désir de voir Jésus, son bien-aimé, et elle l’attendit long-temps ; mais, quand elle fut près de mourir, Jésus lui apparut.

« Il la prit doucement par la main et l’emmena dans son beau royaume. Là, elle est devenue reine ; elle goûte toutes les jouissances que son cœur peut désirer, et des milliers d’années passent pour elle comme un jour. »

Les autres chants populaires se composent, pour la plupart, de chansons de corporations d’une nature rude et grossière, de chansons de guerre du temps de la réformation, et de ballades chevaleresques. Ces ballades ont un grand rapport avec celles de l’Allemagne : elles proviennent, les unes et les autres, de la même origine ; mais on ne sait auquel des deux pays il faut les attribuer. Il est probable que la Hollande en a composé plusieurs ; et le plus grand nombre appartient évidemment à l’Alle-