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ayant à sa disposition toute la science et les ressources modernes, a été lui emprunter ses allégories et sa mythologie catholique. Cela ressemble à un homme qui échangerait les armes à feu de nos soldats contre les armes blanches des Grecs du siége de Troie. De même qu’un amateur de curiosités dépense une immense fortune pour meubler à l’antique un appartement dans quelque maison bâtie en moellons, il y a huit jours, M. Dumas a voulu faire jouer un mystère par les acteurs de la Porte-Saint-Martin. L’art a peu à gagner à ces fantaisies purement personnelles ; mais la curiosité du public est excitée à juste titre : aussi la foule se presse-t-elle aux représentations de Don Juan de Marana, dont la vogue est assurée pour long-temps. Nous reviendrons d’ailleurs sur cette nouvelle tentative de M. Alexandre Dumas, et nous essaierons d’apprécier l’état actuel du théâtre en France.


Les Pensées de Jean-Paul, traduites de l’allemand par M. Edouard de Lagrange, sont arrivées à leur seconde édition. Ce beau et difficultueux travail fait honneur, non pas seulement à la science philologique de M. de Lagrange, il témoigne d’une étude approfondie de la littérature et de la langue allemandes, car on ne peut comprendre Jean-Paul, ni se mettre à sa hauteur, si l’on n’a étudié tous les philosophes et tous les poètes du pays où il a écrit. Le travail de M. le marquis de Lagrange est un travail précieux. Nous espérons qu’un succès mérité l’encouragera à de nouvelles études sur les écrivains de l’Allemagne.


— Nous devons citer parmi les publications nouvelles, Rome, Naples et Venise, charmant livre orné de vues de M. Alfred Johannot et de M. Gudin. Ce livre est l’ouvrage d’une femme, comme il est facile de s’en apercevoir à chaque page, quoiqu’il ne soit pas signé ; et le nom de cette femme pourrait encore se deviner, grâce au sentiment artiste et au goût parfait qui règnent dans cet ouvrage.


F. BULOZ.