Midi sonna. Payot fut exact.
— Vous venez seul ? lui dis-je.
— Le camarade n’a pas osé monter.
— Et pourquoi cela ?
— Eh ! parce qu’il dit qu’il n’est qu’un pauvre diable, et qu’il croit que vous ne voudriez pas dîner avec lui.
— Il est fou, allons le chercher. Au bas de l’escalier je rencontrai François. — Et le déménagement ? lui dis-je.
— C’est fini, monsieur.
— C’est bien, alors montez, Joseph vous paiera.
— Oh ! ce n’est pas pressé.
— Montez toujours. — François obéit. — Eh bien ! dis-je à Payot, où est votre homme ?
— Et mais, c’est lui.
— Qui, lui ?
— François.
— François ? il est de Chamouny, François ?
— Né natif.
— Attendons-le alors. — Cinq minutes après il redescendit. J’allai à lui. — M. François, lui dis-je, j’espère que vous ne refuserez pas de dîner avec moi et Payot, quand je vous inviterai moi-même.
— Comment, monsieur, vous voulez ?
— Je vous en prie.
— Oh ! monsieur sait bien que je n’ai rien à lui refuser.
— Alors partons, mon cher Payot ; je n’ai pas une voiture comme milord, mais nous allons trouver un fiacre à la porte ; je n’ai pas de bordeaux chez moi, mais je sais où on en trouve, et de très bon, soyez tranquille ; quant au thé…
— Merci, si ça vous est égal, j’aime mieux autre chose.
— Eh bien ! nous le remplacerons par le café.
— À la bonne heure, voila une boisson de chrétien ; mais l’autre, je ne m’en dédis pas, c’est une drogue.
Je tins parole à Payot : je lui fis boire le meilleur vin de Borel, et prendre le meilleur café de Lamblin ; puis, quand je le vis dans cette heureuse et douce disposition d’esprit qui suit un bon déjeuner, je lui proposai de le reconduire en un quart d’heure à Chamouny.
— Monsieur plaisante.