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ROMANCIERS DE LA FRANCE.


tielles qu’on puisse désirer, que vers le temps de la publication des Maximes, et lors de la première entrée du comte de Saint-Paul dans le monde, il était bruit de cette liaison de Mme de La Fayette et de M. de La Rochefoucauld comme d’une chose assez récemment établie. Or, la publication des Maximes, et l’entrée du comte de Saint-Paul dans le monde, en la rapportant à l’âge de seize ou dix-sept ans, concordent juste, et donnent l’année 1665 ou 1666. Mme de La Fayette écrit cette lettre à Mme de Sablé, ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, la même qui eut tant de part à la confection des Maximes, et qui depuis quelque temps s’était tout-à-fait liée avec Port-Royal, par intention de réforme et peur de la mort, à ce qu’il semble, plutôt que par conversion bien entière : — « Ce lundi au soir. — Je ne pus hier répondre à votre billet, parce que j’avais du monde, et je crois que je n’y répondrai pas aujourd’hui, parce que je le trouve trop obligeant. Je suis honteuse des louanges que vous me donnez, et d’un autre côté j’aime que vous ayez bonne opinion de moi, et je ne veux vous rien dire de contraire à ce que vous en pensez. Ainsi je ne vous répondrai qu’en vous disant que M. le comte de Saint-Paul sort de céans, et que nous avons parlé de vous, une heure durant, comme vous savez que j’en sais parler. Nous avons aussi parlé d’un homme que je prends toujours la liberté de mettre en comparaison avec vous pour l’agrément de l’esprit. Je ne sais si la comparaison vous offense, mais quand elle vous offenserait dans la bouche d’un autre, elle est une grande louange dans la mienne si tout ce qu’on dit est vrai. J’ai bien vu que M. le comte de Saint-Paul avait ouï parler de ces dits-là, et j’y suis un peu entrée avec lui. Mais j’ai peur qu’il n’ait pris tout sérieusement ce que je lui en ai dit. Je vous conjure, la première fois que vous le verrez, de lui parler de vous-même de ces bruits-là. Cela viendra aisément à propos ; car je lui ai donné les Maximes, et il vous le dira sans doute. Mais je vous prie de lui en parler comme il faut, pour lui mettre dans la tête que ce n’est autre chose qu’une plaisanterie, et je ne suis pas assez

    dans la Princesse de Paphlagonie, traçant des portraits de ces deux dames, a dit : « C’est de leur temps que l’écriture a été mise en usage. On n’écrivait que les contrats de mariage ; de lettres, on n’en entendait pas parler. » Eh bien ! bon nombre des lettres de ces dames, devancières de Mme de Sévigné, sont là.