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et grimpe en lettres gigantesques jusqu’au faîte des maisons. À trente lieues de Londres, vous lisez sur les murs d’un parc la pancarte de quelque négociant de la Cité ; on vous remet ses prix courans à Boulogne, quand vous mettez le pied sur le bateau à vapeur.

En est-il de même en France ? qui fait usage de l’annonce, qui la lit et qui y croit ? Les avertissemens affluent dans les bureaux des feuilles anglaises, malgré l’impôt qui devrait agir comme une prohibition. Chez nous, l’on ne timbre pas les annonces, le public les obtient à bon marché, et cependant la librairie est à peu près la seule industrie qui en fasse usage ; c’est à cela que se réduit la clientelle commerciale des journaux. La feuille la plus répandue n’en reçoit pas pour 15,000 francs par mois.

En 1798, suivant M. de Montvéran, les journaux anglais employaient déjà 200 à 250,000 rames de papier d’une grande dimension. Le même auteur affirme que leur circulation était réduite à 150,000 rames en 1817, sur lesquelles le trésor percevait annuellement 10,000,000 de fr. Aujourd’hui l’impôt sur le timbre et sur les annonces rapporte environ 600,000 liv. sterl. ou 15,000,000 de fr., et suppose l’emploi de 200,000 rames de papier. Ajoutez que la presse non timbrée publie chaque semaine 250,000 feuilles à Londres et 100,000 dans les provinces, et que sa publicité augmente de jour en jour.

Aux États-Unis où la presse n’a ni droit de timbre ni droit sur les annonces, ni taxe sur le papier à payer, 1,200 journaux politiques répandent jusque dans les hameaux les plus reculés de chaque état la connaissance des affaires publiques. L’Angleterre n’est pas aussi avancée. Cependant le nombre des feuilles politiques paraît considérable, si on le compare aux publications du continent. L’Irlande seule imprime 82 journaux, dont 21 sont publiés à Dublin. La publicité n’a pas moins d’extension en Écosse[1]. Dans l’Angleterre proprement dite, on compte 175 journaux sans y comprendre la ville de Londres, avec les 100 à 120 feuilles qui s’impriment dans le rayon de la Cité.

Les journaux de province ne paraissent généralement qu’une fois par semaine.

  1. En 1822, l’Irlande n’imprimait que 59 journaux, et l’Écosse 27. Aujourd’hui la ville de Glasgow seule en publie 10.