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DE L’ESPAGNE
AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

DEUXIÈME PARTIE.[1]

Quand un souverain régnant par l’hérédité ou par la conquête, use, pour se maintenir, des plombs de Venise ou des cachots du Spielberg, on peut déplorer des rigueurs que l’humanité réprouve, sans contester qu’elles ne soient autorisées par le droit de la défense et de la guerre. Mais qu’un prince porté par l’insurrection au trône d’où venait de tomber son père, et dont la vie s’écoula loin du théâtre d’une résistance héroïque, sans qu’il ambitionnât jamais l’honneur de la partager, expose aux fers et au soleil des présides africains ceux dont le principal tort fut d’avoir subi l’empire d’irrésistibles circonstances, c’est là un de ces actes d’immoralité qui altèrent à leur source tous les sentimens d’un peuple et appellent pour l’avenir de redoutables expiations.

La Providence a fait subir à l’Espagne une épreuve que le pouvoir n’a nulle part traversée avec autant de danger : ce pays a passé, en moins d’un demi-siècle, des jours de honte où un vieux monarque livrait à son favori l’honneur de sa couche et celui de la nation, aux humiliantes alter-

  1. Voyez le numéro du 1er octobre.