— Où loge-t-il, ce monsieur-là ?
— J’allais précisément vous adresser la même question.
— Qu’est-ce qu’il fait ? Quel est son état ?
— Artiste.
— Vétérinaire ?
— Est-ce que tu es malade, animal ?
— C’est un marchand de violons, dit un passant, je vais vous conduire chez lui.
On nous fait gravir une rue à pic, et l’hôtesse de la maison indiquée nous déclare que Listz est en Angleterre.
— Voilà une femme qui radote, dit un autre passant. M. Listz est un musicien du théâtre ; il faut aller le demander au régisseur.
— Pourquoi non ? dit le légitimiste. Et il va trouver le régisseur. Celui-ci déclare que Listz est à Paris. — Sans doute, lui fais-je avec colère, il est allé s’engager comme flageolet dans l’orchestre Musard, n’est-ce pas ?
— Pourquoi non ? dit le régisseur.
— Voici la porte du casino, dit je ne sais qui. Toutes les demoiselles qui prennent des leçons de musique connaissent M. Listz.
— J’ai envie d’aller parler à celle qui sort maintenant avec un cahier sous le bras ? dit mon compagnon.
— Et pourquoi non ? d’autant plus qu’elle est jolie.
Le légitimiste fait trois saluts à la française, et demande l’adresse de Listz dans les termes les plus convenables. La jeune personne rougit, baisse les yeux, et avec un soupir étouffé, répond que M. Listz est en Italie.
— Qu’il soit au diable ! Je vais dormir dans la première auberge venue ; qu’il me cherche à son tour.
À l’auberge, on m’apporte bientôt une lettre de sa sœur.
« Nous t’avons attendu, tu n’es pas exact, tu nous ennuies ; va au diable ! cherche-nous ! nous sommes partis.
« P. S. Vois le major et viens avec lui nous trouver. »
— Qu’est-ce que le major ?
— Que vous importe ? dit mon ami le légitimiste.
Au fait ! — Garçon, allez chercher le major.