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AFFAIRES DE ROME.

les maximes spéculativement admises, il existe au moins quelque analogie. Rien de plus trompeur que cette pensée… » Esprit élevé et candide, mais ainsi prévenu par ce qu’il appelle une longue erreur, il se doit, il doit à tous, en ses assertions d’aujourd’hui, de ne pas recommencer la même simplicité de cœur, la même crédulité aux hommes, la même enfance. Dans les conclusions du présent livre sur le vrai christianisme qui doit désormais régir le monde, je remarque avec peine la même intrépidité de prédiction que quand l’auteur des Réflexions sur l’État de l’Église (1808) s’écriait en terminant : « Non, ce n’est pas à l’Église à craindre… Les siècles s’évanouiront, le temps lui-même passera ; mais l’Église ne passera jamais. Immuablement fixées par le Très-Haut, ses destinées s’accompliront malgré les hommes, malgré les haines, les fureurs, les persécutions, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ; » ou bien quand il écrivait, en 1826, à la fin de la Religion considérée, etc. : S’il est dans les desseins de Dieu que ce monde renaisse, alors, voici ce qui arrivera. Après d’affreux désordres, des bouleversemens prodigieux, des maux tels que la terre n’en a point connu encore, les peuples, épuisés de souffrances, regarderont le ciel. Ils lui demanderont de les sauver, etc., etc. Si, au contraire, ceci est la fin, et que le monde soit condamné, au lieu de rassembler ces débris, ces ossemens des peuples, et de les ranimer, l’Église passera dessus et s’élèvera au séjour qui lui est promis, en chantant l’hymne de l’Éternité ; » ou bien quand, à la fin des Progrès de la Révolution, en 1829, il écrivait : « Vient le temps où il sera dit à ceux qui sont dans les ténèbres : Voyez la lumière ! et ils se lèveront, et, le regard fixé sur cette divine splendeur, dans le repentir, et dans l’étonnement, ils adoreront, pleins de joie, celui qui répare tout désordre, révèle toute vérité, éclaire toute intelligence : oriens et alto. » Il peut paraître piquant, il est surtout triste d’embrasser dans un même tableau la suite de ces prophéties diverses et toujours aussi certaines.

Je trouve aux dernières pages du présent volume deux phrases sévères, l’une contre le protestantisme appelé système bâtard etc., l’autre contre ces tentatives non moins vaines qu’ardentes, etc. ; c’est du saint-simonisme qu’il s’agit. Il me semble qu’il y a injustice à venir accuser le protestantisme, au moment où soi-même on ne fait