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L’ÉCOLE NORMALE PRIMAIRE DE HARLEM.

L’école normale primaire de Harlem excitait donc au plus haut degré ma curiosité, et je voulais savoir dans le plus grand détail comment on y maintient l’ordre, les mœurs, tous les sentimens et toutes les habitudes qui font le bon maître d’école, sans le ressort de la vie commune et cloîtrée. Voici ce que m’a dit M. Prinsen.

« D’abord les élèves de l’école normale primaire n’y entrent que volontairement et pour se perfectionner dans une carrière qu’ils se proposent de parcourir et qui est la plus grande affaire, le plus grand intérêt de leur vie. Ils sont donc d’eux-mêmes portés à l’ordre et n’ont pas besoin de la discipline du pensionnat. Chaque élève est, pour ainsi dire, sous la discipline des dispositions morales qu’il apporte dans l’école. Ensuite celui qui n’a pas ces dispositions et qui ne les montre pas dans les trois premiers mois, est immédiatement renvoyé. Ceux qui résistent à ces trois mois d’épreuve, savent parfaitement que la moindre faute sera très sévèrement punie, qu’ils dépendent entièrement du directeur, et que leur renvoi serait l’effet du moindre mécontentement qu’il exprimerait. Il leur est défendu de fréquenter aucun lieu public. S’ils sont vus dans un estaminet, ils subissent une réprimande sévère, et à la récidive ils sont renvoyés. Ils ne peuvent s’éloigner une seule nuit de la ville sans la permission du directeur. Ce ne sont pas eux qui choisissent leur logement ; c’est le directeur. Il paie même pour eux. Les familles qui reçoivent ces élèves en pension sont elles-mêmes intéressées à entrer dans les vues du directeur. C’est un honneur et un profit pour une famille peu fortunée d’être choisie pour recevoir des élèves de l’école normale. Au moindre soupçon, on leur retire les élèves. Ceux-ci ne sont pas considérés dans les maisons qu’ils habitent comme des étrangers, mais comme des membres de la famille, soumis à toutes ses règles et à toutes ses habitudes. On doit toujours savoir où ils sont, à toute heure de la journée. Le directeur visite les maisons au moins tous les quinze jours. Il s’entend avec la police, qui ne manque pas de l’informer officieusement de tout ce qui arrive à sa connaissance. »

On voit que c’est exactement là le régime des écoles normales primaires d’externes en Prusse[1]. On voit en même temps à quel

  1. Je regrette de n’avoir pas donné le réglement détaillé d’une école normale primaire d’externes en Prusse. J’aurais pu choisir l’école protestante de Soest (province de Westpha-