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ZOOLOGIE.

de ses branches diverses, elle nous apparaît également comme une science immense par le nombre et la variété des êtres qui appartiennent à son domaine, immense encore par le nombre et la variété des problèmes qui sont à résoudre pour chacun d’eux. Il n’entre pas sans doute, il ne peut entrer dans nos idées de tracer ici le tableau complet des développemens et des progrès de la zoologie, et de suivre dans son cours le long enfantement de cette science ; mais nous essaierons au moins d’esquisser à grands traits, dans cet article général, le tableau de la lutte victorieuse qui a déjà valu à l’homme la découverte de plusieurs des mystères de la création animale, et lui a ouvert la voie vers des conquêtes plus hardies encore, et plus belles.

Cette lutte a été longue ; les phases en ont été diverses. L’esprit humain, long-temps incertain sur la route qu’il devait suivre, est souvent resté stationnaire, a quelquefois été rétrograde mais, en dépit de tous les obstacles, chaque génération de travailleurs a porté sa part de matériaux à l’édifice commun, jusqu’à ce qu’enfin, comme il l’est aujourd’hui, le plan de son ensemble fût nettement tracé, et par là le but clairement signalé aux efforts de chacun.

Au milieu de toutes les alternatives qu’a présentées la zoologie dans sa marche inégalement progressive, trois périodes principales peuvent être distinguées, trois périodes qui ont existé ou existeront aussi pour toutes les autres sciences d’observation.

Dans l’une, période d’essai et de confusion avec les autres branches des connaissances humaines, le sage, pour employer l’expression des anciens, le savant, selon l’expression des modernes, comprend dans ses larges, mais vagues méditations, tous les phénomènes que les mondes extérieur et intérieur offrent à ses yeux ou à sa pensée. Ardente, avide, téméraire, comparable à un enfant dont les facultés nouvelles, dont la jeune intelligence s’exercent incessamment, sans réserve et sans choix, sur tout ce qui l’entoure, la science de cette période se hâte de recueillir des faits dans toutes les directions, et d’enfanter des systèmes pour l’explication de tous les phénomènes ; mais ces faits, non soumis à l’analyse, ces systèmes, œuvres brillantes, mais fragiles de l’imagination, instruisent moins l’esprit qu’ils ne lui plaisent et ne l’étonnent. La poésie