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s’en inspire, mais la science, au langage sévère et précis, n’en conclut rien.

C’est l’analyse, au contraire, qui règne dans la seconde période. Le règne animal a désormais ses observateurs spéciaux ; et de cette division du travail naissent immédiatement une précision, une rigueur jusqu’alors inconnues. Aussi la zoologie, jusque-là sans faits, sans principes, sans nom, s’enrichit rapidement de faits authentiquement constatés, examinés avec soin dans toutes leurs circonstances, analysés dans leurs détails, ou, pour tout dire, en un mot, de faits bien observés. Dès-lors elle prend place, elle acquiert un rang distinct et important dans le cercle des connaissances humaines. Ce n’est pas qu’elle soit encore une science constituée ; mais une base solide et durable est désormais offerte aux travaux des zoologistes futurs, et la voie du progrès est largement ouverte.

Aussi, dans la troisième période, les découvertes se succèdent aussi rapidement qu’elles étaient rares d’abord ; et chaque jour leur importance croît comme leur nombre. Une multitude de faits étant connus, il devient à la fois possible et nécessaire de saisir entre eux une foule de rapports inaperçus, d’en déduire des généralités, d’en rechercher les lois. Et dès qu’il devient possible de généraliser, de comprendre l’expression d’une foule de faits dans une formule générale, les barrières qui séparaient chaque ordre de faits et d’idées, tombent ; et les sciences, si long-temps séparées pour l’étude des faits de détail, s’unissent pour la découverte des grandes lois de la nature. Alors apparaissent de nouveau des conceptions aussi larges, des systèmes aussi vastes que le règne animal, que la création elle-même. Comme à l’origine de la science, mais avec la raison pour guide, l’imagination peut déployer ses ailes vers les sommités les plus élevées ; et la poésie, effrayée un instant par les formes sèches et le langage aride de l’analyse, retrouve de sublimes inspirations dans la contemplation des harmonies de la nature et de ses éternelles lois.

Ainsi, confusion de toutes les sciences et essais audacieux dans toutes les directions, isolement de la zoologie et analyse des faits, association de la zoologie avec les autres sciences et généralisation des faits : tels sont les caractères des trois périodes qu’a pré-