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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 10.djvu/170

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REVUE DES DEUX MONDES.

artistes plein de mérite ; c’est la peinture de demi-caractère, la peinture anecdotique, illustrée chez nos voisins les Flamands par des productions nombreuses. Chez nous, parmi les maîtres du genre, règne d’ordinaire, avec beaucoup d’éclat, M. Camille Roqueplan. Mais cette année, ce spirituel artiste, l’un des plus fins coloristes de notre école, ne nous a rien donné d’aussi capital et d’aussi charmant que son tableau de Jean-Jacques en promenade avec Mlles Gallet et de Graffenried. Son tribut se compose de deux petits tableaux, tirés, l’un de la vie de Jean-Gaston de Médicis, et l’autre de l’histoire hollandaise ; plus une Bataille d’Elchingen de petite dimension. Il serait difficile d’analyser ces peintures ; il faut les voir, et regretter que M. Roqueplan n’ait pas produit davantage. M. Hesse est entré dans l’histoire de France par ordre de la maison du roi ; il a raconté la Mort d’Henri IV. À voir la sagesse de cette composition et son exécution soignée et contenue, on ne peut douter du talent de l’auteur ; mais l’on se demande si la mort du prince le plus aimé de la France, cette mort dont les conséquences étaient immenses pour le pays et pour l’Europe, ne devait pas remuer un peu plus l’ame de tous les personnages qui la contemplaient. M. A. Johannot continue la lutte des Guise et des Valois, même à travers l’insouciance et la candeur du jeune âge. Dans la Rencontre de Charles IX enfant avec les enfans d’Anne de Guise venant demander à la reine vengeance de l’assassinat de son mari, les yeux du petit Guise révèlent déjà la haine violente qui l’armera plus tard contre la race de Catherine. M. Johannot, dans cette scène sagement composée et bien peinte, rappelle dignement son grand tableau de l’année dernière, où le roi Charles se montrait si digne et fier malgré son jeune âge. M. Debacq retrace sur la toile avec franchise et sentiment, les traits de courage faits en vue de l’art par nos grands artistes du xvie siècle. C’était bien de montrer Jean Goujon sculptant jusqu’à la mort au milieu du massacre de la Saint-Barthélemy ; c’est bien encore de montrer Bernard Palissy, malade et dans la misère, brisant ses meubles pour faire cuire ses essais de vases et de poterie. M. Colin, tout en vivant sous le ciel pur de la Provence, n’oublie pas ces bons pêcheurs de Normandie et de Flandre qui l’ont si souvent et si heureusement inspiré. Nous aimons ses Enfans de Dunkerque jouant sur la neige et ses Petits marins de Boulogne. Le sujet du tableau de M. De-