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ABOLITION DE L’ESCLAVAGE.

en même temps de rechercher les moyens les plus prompts et les plus efficaces d’améliorer le sort de la race noire, d’éclairer son intelligence et de lui préparer une liberté qui soit utile et profitable à tous les habitans des colonies. »

Elle a, pour président, le duc de Broglie ; pour vice-présidens, MM. Passy et Odilon Barrot ; pour secrétaires, MM. Delaborde et Isambert. Ses membres fondateurs sont : MM. Berenger, Berville, Carnot, Degérando, Desjobert, Dutrône, de Golbéry, Lafayette, Lamartine, Lainé de Villévêque, Lacrosse, La Rochefoucauld-Liancourt, Lutteroth, Montrol, de Rémusat, Roger, de Sade, Salverte, de Sainte-Croix, de Tracy, l’amiral Verhuell. — Un grand nombre de nouveaux membres s’y sont associés, parmi lesquels MM. de Beaumont, de Tocqueville, Billiard, Dufau, de Corcelle, Teste, Dugabé, Ganneron, Bureaux de Puzy, Montalembert, de Saint-Anthoine, etc. — Elle admet aussi des membres correspondans dans les départemens.

La société a fait imprimer et distribuer le compte-rendu de ses travaux, pendant les années 1834, 1835 et 1836, ainsi que l’analyse des séances des deux chambres, où la question de l’esclavage colonial a été agitée.

Sa session de 1837 a commencé le 19 décembre dernier. Ont pris, depuis cette époque, une part active à ses réunions : MM. Odilon Barrot, Passy, Roger, de Tracy, de Beaumont, Isambert, Carnot, Delaborde, Lainé de Villévêque, Dufau, Montrol, Saint-Anthoine, Billiard, Lutteroth, Baillehache, Dutrône, Thayer, de La Rochefoucauld, Appert, de Sade, de Tocqueville, Desjobert, d’Harcourt, Delespaul, Ch. Lucas, Bureaux de Puzy, G. Lafayette, Pinet, etc.

Extraits des procès-verbaux de la société.

Divers membres font les communications suivantes :

Huit conseils généraux de départemens ont émis un vœu favorable à l’émancipation des esclaves : ceux de l’Allier, Ariège, Eure-et-Loir, Haute-Garonne, Loiret, Aisne, Creuse et Nord. Ce sont d’ailleurs les seuls à qui la proposition d’un pareil vœu ait été faite.

Les conseils des quatre colonies ont été consultés par le ministre de la marine, pendant leur dernière session, sur des projets d’ordonnances relatives au pécule des esclaves et à leur rachat.

Ces projets ont été repoussés à l’unanimité dans les trois conseils de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Martinique, bien que ce dernier eût lui-même précédemment pris l’initiative pour signaler le pécule comme une amélioration désirable. Les nouvelles de Bourbon annoncent que ces propositions y ont également été fort mal accueillies. Voici les principaux motifs allégués par les conseils à l’appui de leur refus :

L’institution légale du pécule renverserait tous les principes sur lesquels repose la société dans les colonies ; elle donnerait à l’esclave une existence civile. C’est établir la propriété dans la propriété : l’esclave étant la chose du maître, son pécule ne peut être qu’une tolérance, jamais un droit. Ce serait d’ailleurs une excitation permanente au vol.

Quant à la faculté de se racheter sans le consentement du maître, outre qu’elle blesse les droits acquis, c’est la destruction de tous les établisse-