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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 10.djvu/711

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UN CAPRICE.

CHAVIGNY

Et pourquoi pensiez-vous cela ?

MATHILDE

Mais parce que… parce qu’elle les aime.

CHAVIGNY

Oui, et moi aussi ; et vous aussi, je crois ? Il y en a une surtout ; comment est-ce donc ? Je l’ai oubliée… Comment dit-elle donc ?

MATHILDE

Je ne sais pas si je m’en souviendrai. (Elle se met au piano et joue.)

CHAVIGNY

C’est cela même ! C’est charmant, divin, et vous la jouez comme un ange, ou, pour mieux dire, comme une vraie valseuse.

MATHILDE

Est-ce aussi bien qu’elle, Henri ?

CHAVIGNY

Qui, elle ? Mme de Blainville ? Vous y tenez, à ce qu’il paraît ?

MATHILDE

Oh ! pas beaucoup. Si j’étais homme, ce n’est pas elle qui me tournerait la tête.

CHAVIGNY

Et vous auriez raison, madame. Il ne faut jamais qu’un homme se laisse tourner la tête, ni par une femme, ni par une valse.

MATHILDE

Comptez-vous jouer ce soir, mon ami ?

CHAVIGNY

Eh ! ma chère, quelle idée avez-vous ? On joue, mais on ne compte pas jouer.

MATHILDE

Avez-vous de l’or dans vos poches ?

CHAVIGNY

Peut-être bien. Est-ce que vous en voulez ?

MATHILDE

Moi, grand Dieu ! Que voulez-vous que j’en fasse ?

CHAVIGNY

Pourquoi pas ? Si j’ouvre votre porte trop vite, je n’ouvre pas du moins vos tiroirs, et c’est peut-être un double tort que j’ai.