Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 10.djvu/727

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
717
UN CAPRICE.

CHAVIGNY

Quoi ?

MADAME DE LÉRY

C’est la Revue des Deux Mondes ; un article très joli, de Mme Sand, sur les orangs-outangs.

CHAVIGNY

Sur les ?…

MADAME DE LÉRY

Sur les orangs-outangs. Ah ! je me trompe ; ce n’est pas d’elle, c’est celui d’à côté ; c’est très amusant.

CHAVIGNY

Je ne comprends rien à cette idée d’aller au bal sans m’en prévenir. J’aurais pu du moins la ramener.

MADAME DE LÉRY

Aimez-vous les romans de Mme Sand ?

CHAVIGNY

Non, pas du tout. Mais si elle y est, comment se fait-il que je ne l’aie pas trouvée ?

MADAME DE LÉRY

Quoi ? la Revue ? Elle était là-dessus.

CHAVIGNY

Vous moquez-vous de moi, madame ?

MADAME DE LÉRY

Peut-être ; c’est selon à propos de quoi.

CHAVIGNY

C’est de ma femme que je vous parle.

MADAME DE LÉRY

Est-ce que vous me l’avez donnée à garder ?

CHAVIGNY

Vous avez raison, je suis très ridicule ; je vais de ce pas la chercher.

MADAME DE LÉRY

Bah ! vous allez tomber dans la queue.

CHAVIGNY

C’est vrai, je ferai aussi bien d’attendre, et j’attendrai.

(Il s’approche du feu et s’asseoit.)
MADAME DE LÉRY, quittant sa lecture.

Savez-vous, monsieur de Chavigny, que vous m’étonnez beaucoup ? Je croyais vous avoir entendu dire que vous laissiez Mathilde parfaitement libre, et qu’elle allait où bon lui semblait.