Eh bien ! et ce marché, est-ce qu’il s’envole ? je croyais qu’il était conclu.
Un homme marié n’en reste pas moins homme ; la bénédiction ne le métamorphose pas, mais elle l’oblige quelquefois à prendre un rôle et à en donner les répliques. Il ne s’agit que de savoir, dans ce monde, à qui les gens s’adressent quand ils vous parlent, si c’est au réel ou au convenu, à la personne ou au personnage.
J’entends : c’est un choix qu’on peut faire ; mais où s’y reconnaît le public ?
Je ne crois pas que, pour un public d’esprit, ce soit long ni bien difficile.
Vous renoncez donc à ce fameux nom ? Allons, voyons, donnez-moi cette bourse.
Une femme d’esprit, par exemple (une femme d’esprit sait tant de choses !), ne doit pas se tromper, à ce que je crois, sur le vrai caractère des gens : elle doit bien voir au premier coup d’œil…
Décidément, vous gardez la bourse ?
Il me semble que vous y tenez beaucoup. Une femme d’esprit, n’est-il pas vrai, madame, doit savoir faire la part du mari, et celle de l’homme par conséquent ? Comment êtes-vous donc coiffée ? Vous étiez toute en fleurs ce matin.
Oui, ça me gênait, je me suis mise à mon aise. Ah ! mon Dieu, mes cheveux sont défaits d’un côté. (Elle se lève et s’ajuste devant la glace.)
Vous avez la plus jolie taille qu’on puisse voir. Une femme d’esprit, comme vous…
Une femme d’esprit comme moi se donne au diable quand elle a affaire à un homme d’esprit comme vous.
Qu’à cela ne tienne ; je suis assez bon diable.
Pas pour moi, du moins à ce que je pense.