C’est qu’apparemment quelque autre me fait tort.
Qu’est-ce que ce propos-là veut dire ?
Il veut dire que si je vous déplais, c’est que quelqu’un m’empêche de vous plaire.
C’est modeste et poli ; mais vous vous trompez : personne ne me plaît, et je ne veux plaire à personne.
Avec votre âge et ces yeux-là, je vous en défie.
C’est cependant la vérité pure.
Si je le croyais, vous me donneriez bien mauvaise opinion des hommes.
Je vous le ferai croire bien aisément. J’ai une vanité qui ne veut pas de maître.
Ne peut-elle souffrir un serviteur ?
Bah ! serviteurs ou maîtres, vous n’êtes que des tyrans.
C’est assez vrai, et je vous avoue que là-dessus j’ai toujours détesté la conduite des hommes. Je ne sais d’où leur vient cette manie de s’imposer, qui ne sert qu’à se faire haïr.
Est-ce votre opinion sincère ?
Très sincère ; je ne conçois pas comment on peut se figurer que parce qu’on a plu ce soir, on est en droit d’en abuser demain.
C’est pourtant le chapitre premier de l’histoire universelle.
Oui, et si les hommes avaient le sens commun là-dessus, les femmes ne seraient pas si prudentes.