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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 10.djvu/796

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REVUE DES DEUX MONDES.

susceptible un caractère hiéroglyphique, un certain nombre de difficultés à surmonter, M. Salvolini en admet un nombre beaucoup plus considérable. La solution du problème lui fera d’autant plus d’honneur.

Passons à l’examen des règles devant lesquelles tomberont toutes ces difficultés. Ce ne sont plus seulement les principes de M. Champollion qu’il s’agit de démontrer ; ces principes ou plutôt ce principe, car au fond il n’y en a qu’un duquel dérivent les autres, ce principe ne suffirait plus. Les signes reconnus pour phonétiques, dit M. Champollion, conservent leur valeur phonétique dans tous les textes hiéroglyphiques où ils se rencontrent. Cette règle permet de marcher quand on assigne à chaque caractère une valeur unique et invariable ; mais il n’en est plus de même quand on admet dans l’alphabet des caractères à valeurs multiples. Il faut donc, puisque M. Salvolini annonce qu’il va justifier le principe de M. Champollion, qu’il démontre en même temps une règle supplémentaire. Il faut en outre, puisque M. Salvolini admet des hiéroglyphes-rébus et des superflus, qu’il nous donne une règle pour les reconnaître. Il est bon qu’il nous apprenne aussi à quel signe on reconnaît qu’un caractère déterminatif a été déplacé, soit par caprice, soit par respect, et surtout à quel signe on reconnaît qu’un caractère joue le rôle de déterminatif. Le livre de M. Salvolini, nous annonçant une analyse grammaticale et raisonnée de l’inscription hiéroglyphique de Rosette, ne saurait manquer de nous donner toutes ces règles, sans lesquelles on ne peut faire un pas.

J’ai long-temps cherché ; j’ai lu et relu le livre de M. Salvolini ; je dois avouer qu’il ne m’a pas été possible d’y reconnaître l’apparence d’une règle appliquée à l’interprétation de l’écriture hiéroglyphique. Non-seulement je n’ai point rencontré de règles nouvelles, mais encore je n’ai vu appliquer nulle part le principe fondamental de M. Champollion. Tel signe est considéré ici comme signe de son, qui, un peu plus loin dans des circonstances absolument pareilles, est regardé par M. Salvolini comme signe d’idée. « Nous avons dans ce fait, dit M. Salvolini à la page 146 de son livre, un exemple remarquable de l’heureuse flexibilité du système des écritures sacrées. » C’est fort bien. Mais alors il ne fallait pas annoncer que vous alliez justifier les principes de M. Cham-