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Aucune de ces demandes n’avait été accueillie, bien que l’Angleterre prît à la même époque une attitude plus décidée sur la côte septentrionale de l’Espagne, et accordât une plus large coopération de ses forces navales et de ses troupes de marine. On rappelait à M. Mendizabal la promesse qu’il avait solennellement faite, et qu’il venait de répéter dans la Gazette de Madrid, de terminer la guerre par des moyens purement nationaux, et, sans rien préjuger pour l’avenir, on refusait tout dans le présent. On allait même plus loin sur les plaintes des députés de la frontière des Pyrénées, on modifiait une ordonnance royale du 3 juillet 1835 qui prohibait absolument toute importation de vivres en Espagne, et ces modifications attiraient au gouvernement français, de la part du ministère espagnol, les reproches les plus vifs, les plus injurieux, les plus inconvenans, toujours répétés par la presse anglaise, fidèle écho de M. Mendizabal.

Cependant ce ministre étant tombé, le cabinet du 22 février prépara spontanément, et sans aucune demande spéciale de M. Isturitz, un recrutement considérable de la légion étrangère, joint à un ensemble de mesures dont l’exécution aurait engagé la France dans la question espagnole bien au-delà des limites où l’on s’était tenu jusqu’alors, et aurait même rendu l’intervention inévitable, si le plan adopté pour y suppléer n’avait pas tout le succès qu’on s’en promettait effectivement. M. de Bois-le-Comte fut chargé, par M. Thiers, d’aller offrir ces secours au gouvernement de la reine Christine, et partit avant que la première nouvelle des troubles de Malaga ne fût parvenue en France.

De cette donnée, essentielle à recueillir, il résulte que les conditions dans lesquelles on avait conçu, en faveur de l’Espagne, un nouveau plan de coopération sur une plus large échelle, subissaient de notables altérations au moment même où son exécution commençait à se réaliser. En effet, à mesure que M. de Bois-le-Comte se rapprochait du terme de son voyage, les choses changeaient complètement de face par les progrès de l’insurrection. Même avant les évènemens de la Granja, et dès l’arrivée de M. de Bois-le-Comte à Madrid, M. Isturitz et M. de Rayneval n’hésitèrent pas à déclarer que la question s’était prodigieusement compliquée dans l’intervalle qui la séparait de l’époque des résolutions prises à Paris par le ministère du 22 février. C’est ce qui explique sans doute pourquoi, avant la nouvelle de la révolution de la Granja, on a commencé, en haut lieu, à reculer devant l’exécution des mesures adoptées. Tout