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REVUE ÉTRANGÈRE.

quatorze voix contre quarante-sept. Un certain nombre de députés avaient jugé cette disposition exorbitante et lui refusèrent leur assentiment, quoique leurs opinions fussent très modérées, mais parce qu’ils craignaient sincèrement que le ministère en abusât. En effet, l’opposition systématique ne comptait pas quarante-sept voix dans l’assemblée, surtout à cette époque, et elle n’a guère dépassé le chiffre de trente-un, terme moyen, dans les divisions qui ont eu lieu sur les questions principales soumises à l’examen des cortès ; mais déjà au mois de décembre Caballero était à sa tête. Le rival de Caballero en importance parlementaire, M. Olozaga, qui lui est bien supérieur, se maintenait au contraire plus près du gouvernement, soutenait fort souvent ses mesures et ne le combattait que sur des questions de détail. Dans la discussion des pouvoirs extraordinaires, il fut au nombre de ceux qui en redoutaient la trop grande extension, et ne les votèrent que conditionnellement ; dans celle des moyens de terminer la guerre civile, il défendit avec beaucoup de mollesse l’article qui instituait des tribunaux révolutionnaires, et nous le retrouverons encore plus tard dans cette attitude indépendante, soutenue par un grand talent, qui ne manque ni de dignité ni d’avenir.

Le ministère de M. Calatrava n’a point abusé des pouvoirs extraordinaires votés en sa faveur, et souvent ils lui ont été fort utiles ; mais quelque temps après ils ont servi de prétexte à une tentative d’insurrection dans Barcelonne, que les autorités de cette ville ont énergiquement réprimée, et qui l’a replacée sous l’empire de l’état de siége, levé par Serrano à la mort de Mina. Depuis les évènemens du mois d’août 1835, Barcelonne est restée un redoutable foyer de révolution ; à mesure néanmoins que cette disposition turbulente et anarchique y augmentait la misère, déjà très grande par suite de l’état général de la Catalogne, il s’y est reformé, dans la bourgeoisie et dans la classe commerçante, un certain esprit de modération, qui a soutenu la lutte, sans trop de désavantage, contre les élémens de désordre, indigènes et étrangers, que cette populeuse cité nourrit dans son sein. Le général Mina y avait établi un état de siége rigoureux ; il faisait déporter sans jugement et maintenait l’ordre, au nom des doctrines les plus libérales, par les moyens les plus despotiques. Au milieu des insurrections qui ont précédé la révolution de la Granja, Barcelonne est la dernière ville qui se soit prononcée pour la constitution, tant la main de fer qui l’étreignait avait de force. Mais ensuite, Mina expirant abandonna au général Serrano le commande-