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ment de la principauté ; on leva l’état de siége ; le parti démocratique, long-temps comprimé, envoya aux cortès des représentans d’une opinion très avancée, et au mois d’octobre la victoire fut couronnée, dans Barcelonne, par l’élection d’un ayuntamiento ardemment révolutionnaire. C’est celui qui protesta d’avance contre les pouvoirs extraordinaires demandés aux cortès par le gouvernement.

On ne peut douter que cet ayuntamiento n’ait favorisé la révolte des deux bataillons de la garde nationale le 13 janvier. Ses proclamations et ses actes l’avaient préparée. Aussi, quand la fermeté du général Parreño, capitaine-général par interim, eut rétabli l’ordre, avec le secours et l’appui non équivoque de l’élite des habitans de Barcelonne, la municipalité donna sa démission, comme si elle se reconnaissait vaincue. Peu après, son exemple fut suivi par la junte d’armement et de défense, et la députation provinciale se compléta dans le sens modéré. Il n’est pas inutile d’ajouter que, dans une exposition adressée aux cortès, la plupart des corporations industrielles de Barcelonne et les maîtrises de la bourgeoisie ont accusé cet ayuntamiento du progrès rapide d’avoir été nommé au mois d’octobre par un millier de citoyens tout au plus, le parti vainqueur ayant écarté tous les autres par la terreur. Le général Serrano, qui revint à Barcelonne au milieu de février, approuva, un peu à regret, dit-on, les changemens opérés en son absence, et qui furent ensuite plus énergiquement confirmés par le baron de Meer, actuellement vice-roi de la principauté de Catalogne. Malheureusement, le ministère espagnol a cru désarmer l’opposition des députés catalans en prescrivant au baron de Meer plusieurs concessions dangereuses, comme la réorganisation de l’ayuntamiento constitutionnel, et par ses ordres l’état de siége venait d’être levé, quand l’insurrection de Reus a fait éclater, par contagion, à Barcelonne, un second soulèvement, dont nous parlerons plus loin, pour ne pas trop anticiper sur l’ordre des évènemens.

Si la discussion des réformes à introduire dans la constitution, qui était le principal objet de la convocation des cortès, n’a pas eu lieu plus tôt, ce n’est pas qu’on ne s’en soit occupé de très bonne heure ; mais on y procéda fort lentement, et avant d’aborder la constitution elle-même, on discuta les bases du système à établir ; puis les travaux de la commission et de l’assemblée furent arrêtés par une foule de propositions individuelles et de discussions sur les évènemens ou les rumeurs du jour, qui firent perdre un temps précieux.

La commission de réforme, complétée le 16 novembre, a été com-