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REVUE ÉTRANGÈRE.

posée des neuf membres dont les noms suivent : MM. Arguelles, Ferrer, Gonzalez, Olozaga, Sancho, Laborda, Torrens y Miralda, Acuña et Acevedo. Son premier rapport a été lu aux cortès par M. Olozaga, dans la séance du 30, et le 13 du mois suivant la discussion a commencé. Ce rapport ne comprenait, d’après l’ordre adopté, que les bases de la constitution, c’est-à-dire les principes essentiels dont l’application devait y être formulée en articles ; mais il suffisait pour faire juger de l’esprit dans lequel s’opérerait la réforme, et on vit aussitôt que si l’assemblée se rangeait aux idées de sa commission, la nouvelle loi fondamentale ne conserverait de la constitution de 1812 que le nom, et se rapprocherait beaucoup de la constitution belge, dont plusieurs journaux recommandaient le mécanisme à l’attention des cortès. En effet, le veto absolu accordé à la couronne, le principe des deux chambres, l’élection directe et plusieurs autres concessions de la même importance aux idées monarchiques, tout annonçait la volonté sérieuse de concilier dans la nouvelle charte les prérogatives nécessaires au pouvoir avec les garanties nécessaires à la liberté, et de rendre le gouvernement plus praticable qu’il ne l’avait été de 1820 à 1823. Toutes ces bases furent adoptées par les cortès, à une majorité qui ne laissait aucun doute sur le résultat de la discussion future. Cependant la lutte n’en a pas été moins vive, quand on a repris au mois de mars l’examen du projet tout entier, article par article.

L’assemblée comptait alors ordinairement de cent cinquante à cent soixante députés présens, rarement un plus grand nombre, quelquefois beaucoup moins. Le chiffre de l’opposition systématique s’est manifesté dans cette discussion, dès la première division, à la séance du 18 mars. Il s’agissait de voter sur l’ensemble du projet de constitution, qui non-seulement reproduisait toutes les bases dont nous avons parlé plus haut, mais contenait bien d’autres dérogations encore à la loi fondamentale de Cadix, par l’omission calculée de plusieurs dispositions essentielles. MM. Caballero, Fuente Herrero, Pascual, Soler, Montoya, avaient attaqué le projet, en disant qu’ils n’avaient pas été nommés sous l’empire de la constitution de 1812, solennellement rétablie par la victoire du peuple, pour faire une constitution nouvelle, empreinte d’un autre esprit, et où les législateurs de Cadix ne reconnaîtraient certainement pas leur œuvre glorieuse. On répondit que la nation n’avait pas borné les pouvoirs de ses représentans à telle ou telle réforme, qu’ils avaient reçu le mandat général de mettre la constitution à la hauteur des idées et des besoins