Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
DE LA RUSSIE.

que sorte. Les lois de la Russie ont été recueillies, sous la direction de M. Speranski, en deux collections (en langue russe), l’une, par ordre de matières, et l’autre, par ordre chronologique[1]. Celle-ci (elle forme quarante-cinq volumes compacts ) est d’un immense intérêt pour les étrangers. La série des ukases du règne de l’empereur Nicolas (dix années) eût montré, plus clairement que tous les exposés, la tendance de son gouvernement ; je les ferai connaître ultérieurement[2].

Le règne de l’empereur Alexandre fut aussi favorable à l’agriculture. Des fermiers anglais furent appelés à Saint-Pétersbourg pour y fonder un Institut agricole ; et quelques seigneurs en créèrent, à l’exemple de l’empereur, dans l’intérieur de la Russie.

L’empereur fonda sous son règne presque toutes les écoles de médecine, des universités, des gymnases, des écoles militaires, des écoles spéciales ; il admit les juifs aux bienfaits de l’éducation publique, il affranchit les serfs, et donna à la noblesse russe une impulsion toute nouvelle en l’entraînant, par son exemple, à fonder des établissemens utiles. On ne peut se figurer l’énormité des sommes qui furent dépensées pour les universités, les hôpitaux et les écoles. Le seul prince Iljinski donnait 600,000 roubles pour une école de sourds-muets, et le comte Bedsborodsko assurait à un collége de la petite Russie, outre un capital de 200,000 roubles, une somme de 15,000 roubles de rentes annuelles à perpétuité.

Dans les provinces même les plus éloignées, dans les gouvernemens les moins avancés, des gymnases et des écoles furent fondés par les soins de la noblesse. C’est alors que Wologda, Iskurtz en Sibérie, Jeniseirk et Tiflis même, se virent dotés de tels établissemens. On ne peut se figurer l’empressement avec lequel les nobles et les marchands russes viennent au secours des classes souffrantes et contribuent à leur amélioration morale. Ces efforts ne se sont pas ralentis depuis le règne de l’empereur Alexandre, où l’on voyait le corps des marchands de Gshatsk, dans le gouvernement de Smolensk, donner 100,000 roubles pour une école de commerce. Le marchand Fischer offrit, à Riga, 40,000 roubles et sa propre maison pour une école ; le marchand Paschkis, 10,000 roubles pour une

  1. Ukase du 22 avril 1801.
  2. L’histoire législative du règne de l’empereur Nicolas se composait déjà, au 1er janvier 1832, époque à laquelle la dernière commission des lois publia l’ensemble de son travail, de quatre mille huit cent quarante-cinq manifestes et ukases, de deux cent sept statuts, de douze traités et de neuf diplômes.