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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/215

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DE LA RUSSIE.

règne de Pierre-le-Grand. Les premiers instituteurs de la nation actuelle ont été, en réalité, les barbiers que Pierre Ier chargea de faire tomber les barbes des nobles. Ce fut le premier pas. Mais la volonté de Pierre-le-Grand, qui créait instantanément des villes, des flottes et des armées, ne pouvait faire surgir tout à coup l’instruction publique, et Pétersbourg était déjà fondé que les lumières et la civilisation, qui devaient faire de cet amas d’édifices et de maisons une cité influente en Europe et la capitale d’un vaste empire, n’étaient pas encore nées. L’empereur, on le sait, fonda partout des écoles normales où des étrangers lui élevaient des maîtres qui devaient instruire les autres à leur tour. Une école de marine et une école pour le génie furent établies à Saint-Pétersbourg, et des écoles de marine et de navigation furent fondées à Pskoff, Novgorod, Jaroslaw, Moscou et Vologda[1]. D’autres écoles furent établies dans tous les couvens, et tous les nobles et fonctionnaires reçurent l’ordre d’y envoyer leurs enfans. Un an plus tard, cette injonction s’étendit à toutes les autres classes. Enfin, dans la dernière année de son règne, Pierre-le-Grand traça le plan de l’Académie des sciences, dont l’ouverture n’eut lieu qu’après sa mort.

La route fut ouverte. Déjà l’impératrice Anne défendait qu’on donnât de l’avancement aux soldats et aux sous-officiers qui ne savaient pas lire[2]. Elle créa le premier corps des cadets à Saint-Pétersbourg, fonda des écoles à Astrakan pour les Kalmouks, à Kasan pour les Tatars, et, la première, ordonna qu’un compte-rendu de l’instruction publique serait rédigé tous les ans par le gouvernement russe.

En montant sur le trône, l’impératrice Élisabeth fixa les amendes que paieraient les pères de famille qui ne donneraient pas une éducation convenable à leurs enfans. Tout le règne de l’impératrice Élisabeth, qui fonda l’université de Moscou, répond à ce début.

Pierre III s’occupa, dans son règne si court, de l’éducation des nobles. Ceux d’entre eux dont les parens ne possédaient que des terres comptant moins de mille paysans furent reçus dans les établissemens d’éducation des cadets.

L’impératrice Catherine jeta sur l’éducation publique un de ces vastes regards qui lui étaient propres. Son premier acte fut la fon-

  1. Ukase du 30 avril 1720.
  2. Ukase du 13 novembre 1739.