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JOSEPH SPECKBAKER
LE DIABLE DE FEU
(Der feuer Teufel).
HISTOIRE DE L’INSURRECTION TYROLIENNE EN 1809.

Le Tyrol est un des pays de l’Europe les moins visités et des plus dignes de l’être ; ses sites sont grands et magnifiques, ses habitans braves et dévoués, ses bourgades industrieuses. Son histoire est peu connue, et c’est l’une des plus intéressantes ; c’est l’histoire d’un peuple toujours prêt à repousser l’invasion. L’insurrection des montagnards tyroliens en 1809, ce digne pendant de l’insurrection espagnole, a laissé peu de souvenirs. L’attention des hommes était distraite alors par de trop grands évènemens, et les combats de géans qui se livraient d’un bout à l’autre de l’Europe, des rives du Tage à celles du Danube, détournèrent leurs regards de la lutte héroïque que soutenaient quelques paysans dans un coin montagneux de l’Allemagne. Les bulletins de 1809 nous parlent des insurgés tyroliens comme d’une poignée de brigands, fanatisés par les prêtres, payés par l’or de l’Angleterre, et guidés par des chefs à demi sauvages ; ces brigands, néanmoins, battirent trois armées envoyées pour les soumettre, et quand le reste de l’Allemagne était aux pieds du conquérant, eux seuls, retranchés dans leurs montagnes comme dans une forteresse, tinrent tête aux vainqueurs d’Eckmuhl et de Wagram et ne cédèrent qu’au nombre.

Les chefs de ces paysans, paysans comme eux, nous présentent un singulier mélange de grandeur et de simplicité, de rudesse et d’héroïsme ; leurs noms sont restés obscurs ; cependant les Mayer, les Schenk, les Has-