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sur les Origines du Droit français, digression du texte narratif, mais devenue trop considérable pour y être intercalée. Quant au volume même qui continue le texte de l’Histoire de France, il commence aux vêpres siciliennes et va jusqu’à la mort de Charles V, et presque à la fin du XIVe siècle. Ce qu’une lecture extrêmement rapide nous fait entrevoir d’intérêt, de vues et de tableaux dans cette portion de récit, ne saurait trouver place dans une courte note ; nos lecteurs ont pu en juger déjà par le morceau des Templiers. Nous tâcherons un jour d’aborder, avec l’examen et le détail qui conviennent, cette œuvre historique d’un homme aimé du public, et que recommandent tant de qualités brillantes, ingénieuses et patientes, tant d’imagination et d’érudition. Ce nous sera même une occasion, peut-être, d’entamer une série des historiens modernes qui a manqué à la Revue jusqu’ici et de caractériser dans leurs travaux et leur manière, les Augustin Thierry, les Fauriel, et aussi M. Michelet. Cette idée qu’il a eue de faire entrer dans sa publication récente, un volume sur les Origines du droit, puisées dans les symboles, cette idée, qui est une application à la France de ce que M. Grimm a tenté et accompli pour le droit germanique, se rattache aussi à certaines vues chères à Vico, et l’ingénieux et éloquent interprète de ce dernier n’a donc fait, dans cette digression considérable, que suivre l’ordre naturel de ses inspirations et de ses vues.

— Le Cours d’embryogénie comparée, professé par M. Coste au Muséum d’histoire naturelle de Paris, vient de paraître. On sait qu’envisageant la science du développement de l’homme et des animaux sous un point de vue plus vaste et plus philosophique qu’on ne l’avait jamais fait avant lui, M. Coste, aidé par l’Institut et par le gouvernement dans les nombreux sacrifices qu’il s’était imposés lui-même, a pu porter cette étude au rang des sciences naturelles les plus avancées, et que l’embryogénie comparée devient, en quelque sorte, son œuvre, aucun savant, avant lui, n’ayant essayé de réaliser un semblable travail.

Cette publication, accompagnée d’un atlas et d’un texte explicatif des planches, est donc, sous tous les rapports, un ouvrage complètement original, qui manquait à l’enseignement, et dont le besoin était d’autant plus vivement senti, que l’embryogénie semble appelée à porter sa part de solution dans les plus grands problèmes philosophiques. M. Coste a tâché de démontrer dans son cours comment le panthéisme et le matérialisme devraient se retirer devant les inductions et les lumières qui se tirent de l’embryogénie. Ses nombreux auditeurs retrouveront dans la publication de ce cours tous les détails qui ont pu leur échapper, et ceux qui n’ont pas entendu le professeur liront avec intérêt un ouvrage dans lequel les connaissances naturelles sont présentées comme une démonstration scientifique des doctrines spiritualistes.


F. BULOZ.